Description des produits - Le broyage des blancs à l'émulsion
 
Un retour à la tradition : l'empâtement des blancs à l'émulsion seule
 
 

Des échanges éminemment fructueux

 

Nous l'affirmions : échanger, collaborer avec les artistes utilisateurs des produits picturaux que nous proposons est la meilleure manière, pour nous, de progresser et d'aller de l'avant. La preuve :  fidèle parmi les fidèles, Patrick CHAUDESAIGUES, fervent adepte de la technique mixte, toujours à la recherche de matériaux lui permettant de parfaire sa technique et pratiquant quotidiennement le broyage, ou plutôt l'empâtement, de ses propres pigments, nous a poussé à tenter nous-même l'empâtement des pigments blancs, directement à l'émulsion, plutôt que de simplement ajouter ce produit à un blanc préalablement broyé à l'huile.

 

Son but : faciliter encore les superpositions dans le frais. En effet, l'émulsion contenant une quantité notable de liant aqueux, sa prise est rapide. L'idée était donc de pousser le procédé à son maximum. L'émulsion étant par elle-même épaisse, et l'empâtement des pigments demandant de préférence un liant plutôt fluide, nous hésitions. Surprise : les blancs s'empâtent très facilement à l'émulsion avec un simple couteau à palette ou une spatule de vitrier, ne nécessitant pas de manière obligatoire le recours à la molette et à la plaque de broyage. Bien entendu, quelques coups de molette affinent encore le résultat mais, en l'absence de ce matériel, deux ou trois gouttes d'essence de térébenthine, si nécessaire, suffisent à fluidifier légèrement la pâte en cours de travail afin de faciliter et parfaire son homogénéité.

 



Caractéristiques d'un blanc broyé uniquement à l'émulsion


On obtient ainsi une pâte étonnamment pâle, car ne comportant qu'une part minime d'huile, réactive, plastique, très maigre bien que riche en liant, se superposant admirablement dans le frais sans même qu'il soit nécessaire de patienter pour en attendre la prise.

 

 

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Le blanc empâté directement à l'émulsion

 

 

De plus, du fait de cette richesse en liant, elle se présente comme naturellement légèrement translucide, si bien qu'elle permet, de manière contradictoire, tout autant les modelés subtils, éventuellement légèrement diluée à la térébenthine, que les frottis vigoureux ; les vélatures opalescentes que les empâtements d'une générosité étonnante. Une fois posée, la pâte sèche très vite et devient très dure. Il est le plus souvent possible de reprendre le lendemain même, en particulier si l'on broie le blanc avec l'émulsion en version "à siccativité renforcée". Même les empâtements très généreux ne nécessitent qu'une durée de séchage minimum et, malgré leur épaisseur, ne laisse apparaître aucune craquelure. Le séchage s'opère dans la masse de manière totalement uniforme. Il se confirme ainsi que, selon toute vraisemblance, un peintre tel que Rembrandt, par exemple, obtenait très certainement ses empâtements caractéristiques à l'aide d'une émulsion.

 

 

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Une bande d'essai au blanc empâté à l'émulsion

A gauche, on peut observer la manière dont ce blanc non dilué se pose en demi-pâte. Il retient parfaitement les traces de la brosse et montre une opacité à mi-chemin de l'opalescence, permettant ainsi les rendus les plus contradictoires suivant l'épaisseur avec laquelle on le pose. Au centre, à l'aide d'une brosse tenue très à l'horizontale, il se dépose agréablement sous forme de frottis. A droite, un exemple de superposition de deux empâtements l'un sur l'autre. La pâte se superpose sans creuser ni laisser de sillons.

 

 

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Une deuxième bande d'essai au blanc empâté à l'émulsion

A gauche, le blanc non dilué posé en pâte. Il montre un tirant qui laisse une empreinte variée et généreuse. Au centre, à gauche, un autre frottis à l'aide d'une brosse tenue à l'horizontale. A centre, à droite, un empâtement posé de manière particulièrement généreuse. Même après plusieurs mois de séchage, il ne montre aucun signe d'effondrement ni craquelures. A droite, une série de pâtes superposées dans le frais.

 

 

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Superposition de touches
d'un blanc empâté à l'émulsion

Ce dernier essai montre bien que les différentes touches se superposent parfaitement les unes sur les autres, sans creuser ni relever en fin de touches. A la différence d'une pâte uniquement à l'huile qui, si la touche est généreuse, tend à laisser un cerne en relief sur son pourtour, avec une pâte additionnée d'émulsion et, surtout, comme ici, avec des pigments empâtés à l'émulsion seule, la touche ne laisse aucun cerne. On retrouve bien la touche gaufrée, typique de la peinture flamande ou hollandaise du XVIIème siècle.

 

 

 

 

 

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Une troisième bande d'essai avec un blanc empâté à l'émulsion
légèrement dilué à l'essence

A gauche, le blanc légèrement dilué à l'essence de térébenthine. Il se tend facilement sur le support. Au centre, encore un frottis plus aérien obtenu avec une pâte légèrement diluée. A droite, un empâtement plus léger déposé à la truelle à peindre.

 

 

 

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Le blanc à l'émulsion légèrement dilué

 

 

 

 

 


 

 

 

 

Deux exemples du blanc broyé à l'émulsion, mais obtenu avec une pâte plus ou moins étendue d'essence. Dans les deux cas, on note le fait que, bien que diluée, la pâte garde visibles les stries de la brosse, du moins si on le souhaite.

 

 

 

 

 

 

 

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Jeu de superpositions au médium gras flamand
et au blanc empâté à l'émulsion

 

 

Un travail de superposition extrêmement facile

 

Voici quelques exemples de superpositions obtenues selon la technique mixte. En première couche, nous avons posé une série de glacis au médium gras Atelier des Fontaines, en version tirante. Immédiatement, dans le frais, nous avons poursuivi le travail au blanc broyé à l'émulsion Atelier des Fontaines, elle-même en version tirante.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Autre exemple de superpositions

 

 

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Travail de superposition avec un blanc légèrement dilué à l'essence

 

 

 

 

 

 

 

Après une nuit de séchage, nous avons posé une seconde série de glacis au médium gras, suivie elle-même, toujours dans le frais, par une seconde reprise au blanc broyé à l'émulsion. Notez le jeu subtil des transparences, opalescences et opacités, et la rapidité avec laquelle nous avons obtenu ces effets.

 

 

 

 

 

 

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Un agrandissement pour le plaisir d'observer le jeu des superpositions

 

 

Pousser la différenciation entre l'ombre et la lumière à son maximum

 

Par ailleurs, autre vertu du procédé, du fait de sa maigreur, le blanc broyé uniquement à l'émulsion devient bien mat au séchage, sans qu'on puisse parler de phénomène d'embus puisqu'il résulte de la nature même de la  pâte. Ce blanc permet ainsi de pousser au plus loin la différenciation entre l'ombre et la lumière, la transparence et l'opacité, le gras et le maigre. Ce faisant, il nous rapproche encore de la grande tradition picturale née en Flandres et en Italie, aux XVème et XVIème siècles, qui verra son apogée avec l'Age d'or de la peinture baroque, durant le XVIIème.

 

 

Ne pas hésiter à se lancer !


Aussi, si tu ne disposes pas d'un matériel de broyage sophistiqué, et si préparer tes couleurs directement à partir des pigments n'est pas encore, pour toi, une pratique courante, ne te sens pas pourtant dans l'impossibilité de t'y lancer. Au contraire : le broyage des blancs à l'émulsion est si aisé et la pâte obtenue offre une telle facilité d'utilisation qu'il serait dommage de t'en dispenser ! Un simple couteau à palette ou une spatule de vitrier, et une plaque de verre dépolie suffisent pour obtenir un résultat tout à fait satisfaisant. Sache aussi que cette pratique est un pas décisif vers un retour à l'authenticité du Métier qui, avant d'être un art, était un artisanat, dans toute la noblesse que ce terme recouvre. Les peintres qui y reviennent sont de plus en plus nombreux. Avec Patrick CHAUDESAIGUES, nous nous honorons d'en faire partie. Note aussi, ce qui n'est pas à négliger, que, produisant tes propres couleurs, tu économiseras grandement sur tes achats de matériel.

 

 

En manière de conclusion

 

Je reste ébahi moi-même par la richesse des possibilités qu'offre ce nouvel emploi de l'émulsion. Pour avoir mis au point ce produit, j'en connais bien évidemment les avantages, mais je ne soupçonnais pas que son utilisation comme liant de broyage exclusif des pigments blancs pût autant les mettre en valeur et en faciliter l'application. Ce faisant, c'est un retour à la technique première, que j'avais appris auprès de Nicolas WACKER, à l'Ecole des Beaux-arts de Paris, qui s'opère, mais avec des matériaux autrement performants. Je remercie encore Patrick CHAUDESAIGUES de cette heureuse idée et de sa généreuse collaboration à ce nouveau développement de la technique mixte. Celle-ci, à laquelle nous sommes si attachés, trouve encore ici une nouvelle et brillante extension.


Pour avoir l'opinion de Patrick CHAUDESAIGUES lui-même sur le blanc broyé à l'émulsion, rendez-vous sur son site : http://www.art-fantastique.com/blog/naissance-dun-blanc

 

Pour commander les différentes versions des médiums gras à la manière flamande et les émulsions correspondantes, cliquez ici ou sur "Achats rapides".

 

Merci et bonne peinture dans la joie d'un travail plus facile et parfaitement durable !

 

 

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De même, si vous souhaitez un complément d'information, adressez-nous un mail. Nous nous ferons un plaisir de vous répondre très rapidement.

 

 

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Date de création : 25/12/2013 - 21:26
Dernière modification : 17/03/2023 - 07:56
Catégorie : Description des produits
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Réactions à cet article


Réaction n°8 

par ChristianVIBERT le 06/02/2021 - 23:22

Bonsoir Yoann,


Le blanc obtenu est très siccatif. Il est donc nécessaire de le conserver à l'abri de l'air, le mieux étant de le mettre en tube. En l'absence, tenu par exemple dans un petit pot, mieux vaut n'en préparer qu'une quantité utilisable rapidement.


Bien cordialement,


Christian

 


Réaction n°7 

par Yoann le 06/02/2021 - 09:09

Bonjour,

Le blanc broyé à l'émulsion se conserve plutôt bien ou faut-il le composer au fur et à mesure des besoins ?


Réaction n°6 

par ChristianVIBERT le 30/09/2020 - 10:48

À la lecture de cet article je me posais une simple question: lorsqu'on parle de broyage à l'émulsion, il s'agit de broyage à l'eau?

Non, une émulsion est un produit qui met en présence deux liquides a priori non miscibles ; dans le cas présent, un produit aqueux et un produit oléorésineux. Il y a donc bien une part d'eau, mais pas uniquement.
 

Et est-ce bien juste que l'on peut ajouter un peu d'eau lors du broyage du blanc de plomb à l'huile de noix pour faciliter le mélange?


Ajouter un peu d'eau ne facilite pas le broyage, mais crée un début d'émulsion. Cela modifie la texture du blanc de plomb, donc influe sur le ressenti lors de la manipulation et sur l'aspect visuel du film pictural.

 

Christian


Réaction n°5 

par Christel le 30/09/2020 - 10:01

Bonjour Christian,


A la lecture de cet article je me posais une simple question: lorsqu'on parle de broyage à l'émulsion, il s'agit de broyage à l'eau?
Et est-ce bien juste que l'on peut ajouter un peu d'eau lors du broyage du blanc de plomb à l'huile de noix pour faciliter le mélange?

 


Réaction n°4 

par Delac3 le 14/07/2017 - 10:43

Bonjour à vous,


Au très peu d'essais effectués, il me semble qu'il faut faire attention d'avoir une émulsion assez grasse si l'on utilise des pigments. Comme il n'y a pas de colle, d'huile comme on pourrait en trouver dans un tube, la seule chose qui va faire tenir les pigments ensemble c'est l'huile (et la résine) de l'émulsion et bien sûr pas le liant aqueux ni l'eau.

 

Le liant aqueux est filmogène. Son choix et sa quantité relatives à l'huile et au vernis ont toute leur importance.


Quelques essais préalables me semblent prudents car la matière peut être fragile, cassante, manquer de souplesse si l'émulsion est trop maigre.

 

Bien composée, une émulsion permet, au contraire, une pâte résistante qui, parce qu'elle est nettement plus maigre qu'un liant huileux ou oléorésineux, permet, par exemple, des empâtements fort généreux siccativant admirablement bien. Ceux de Rembrandt en sont un magnifique exemple. Cependant, comme toujours, ils sont plus adaptés à un support rigide qu'à un support trop souple. On ne redira jamais assez la supériorité des premiers sur les seconds.


Cordialement,

 

Christian VIBERT


Réaction n°3 

par JHell le 13/07/2017 - 18:58

Au très peu d'essais effectués, il me semble qu'il faut faire attention d'avoir une émulsion assez grasse si l'on utilise des pigments. Comme il n'y a pas de colle, d'huile comme on pourrait en trouver dans un tube, la seule chose qui va faire tenir les pigments ensemble c'est l'huile (et la résine) de l'émulsion et bien sûr pas le liant aqueux ni l'eau. Quelques essais préalables me semblent prudents car la matière peut être fragile, cassante, manquer de souplesse si l'émulsion est trop maigre.


Me semble t-il.


Réaction n°2 

par Delac le 21/10/2016 - 21:06

Bonjour à vous,

Il s'agit du blanc de plomb.

Il se situe de manière équilibré entre la franche opacité du titane et la translucidité du zinc. Par ailleurs, il est le seul à s'empâter aussi facilement et à siccativer parfaitement en profondeur. De plus, il accepte très facilement les liants émulsionnés.

C'est sans conteste le meilleur pigment blanc pour la technique de l'huile.

Cordialement,

Christian VIBERT


Réaction n°1 

par frenchpainter le 21/10/2016 - 10:09

Bonjour, et merci pour votre travail mis en ligne! Juste une petite question: quel est le pigment blanc qui vous a servi pour ces broyages à l'émulsion et au médium? Blanc de titane, de plomb, de zinc... ?

 
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Christian VIBERT

- Ancien étudiant à l'Ecole des Beaux-Arts de Versailles et de Paris (ENSBA)

- Copiste au Musée du Louvre

- Licence d'arts plastiques Panthéon-Sorbonne Paris I

- Licence de sciences de l'éducation Nanterre Paris X

- Artiste peintre

- Fabricant de médiums
(auto-entrepreneur)

- Enseignant

- Formations en techniques de peinture anciennes (Moyen Age au XIXème siècle), préparation des huiles et des vernis gras

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