Description des produits - Les huiles de noix démucilaginées
 
 
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Les huiles de noix de première pression à froid Atelier des Fontaines,
démucilaginées de manière artisanale

 

 
Le renouveau de l'huile de noix
 
 
L'huile de noix retient de plus en plus l'attention  des peintres. Utilisée concurremment avec l'huile de lin, elle a toujours été considérée comme une excellente huile à peindre, entre autres depuis le XVIème siècle, et surtout dans les pays du sud de l'Europe. Léonard de Vinci, par exemple, la tient en grande estime. Turquet de Mayerne, médecin et chimiste du XVIIème siècle, signale que Van Dyck l'utilise, en particulier pour broyer ses blancs. On la trouve encore employée occasionnellement au XIXème siècle. Ainsi, selon des analyses effectuées sur des échantillons prélevés lors de travaux de restauration, certains peintres impressionnistes en auraient fait usage.
 
Pourquoi, alors, disparaît-elle soudain de la panoplie des matériaux du peintre avec l'arrivée du XXème ? Xavier de Langlais, par exemple, auteur on ne peut plus connu d'une très grande majorité de peintres, en signale le possible usage comme huile siccative, mais dit ne pas l'avoir essayée. Et pour cause : déjà dans les années 1950-1960, époque de la publication de "La technique de la peinture à l'huile", on ne la trouvait plus dans les catalogues de produits pour la peinture artistique. La situation n'a, sur ce point, guère changé aujourd'hui. On l'a accusée de rancir, c'est-à-dire de s'oxyder rapidement. S'il est une critique paradoxale pour une huile picturale, en voici un exemple parfait : c'est précisément parce qu'elle s'oxyde bien, que l'huile de noix peut prétendre être une bonne huile à peindre ! La siccativation est, en effet, pour l'essentiel, le résultat d'un phénomène d'oxydation. Mais il faut voir une autre explication à cette critique : contrairement à l'huile de lin, qui s'oxyde encore bien plus vite que l'huile de noix, mais qui ne se consomme encore guère malgré ses indéniables qualités pour cet usage du fait de sa richesse en acide gras oméga 3, l'huile de noix a toujours été, et reste de nos jours, une huile essentiellement alimentaire. Or, effectivement, une huile rancie est une huile devenue non comestible. La critique portée contre un produit à destination alimentaire a donc été étendue à son utilisation picturale, usage qui, bien évidemment, n'a que peu à voir...
 
Concernant l'emploi pictural de l'huile de noix, on peut, cependant, trouver une raison plus probable à son rejet. Dans les années 1840, les matériaux pour la peinture artistique commencent à être produits de manière industrielle. L'apparition de la peinture en tube en est l'exemple le plus frappant. Or, à la différence des peintres, pour un fabricant, la forte siccativité d'une huile est loin d'être une caractéristique recherchée. Le risque, pour lui, est que la peinture se dessèche prématurément dans les tubes avant même sa commercialisation. D'où la mise en avant de l'huile d'œillette, huile fort peu siccative s'il en est. A savoir que, de nos jours, l'huile de carthame tend, à son tour, à supplanter l'huile d'œillette. Sauf à de rares exceptions, elle est maintenant devenue l'huile la plus employée par les fabricants de peinture artistique, en particulier en Europe. Très proche de l'huile d'œillette par sa composition, elle lui est cependant certainement supérieure par la meilleure répartition de ses acides gras.
 
Comme l'huile de lin, produit encore plus siccatif, l'huile de noix a donc été rejetée pour cette même raison par les fabricants de peinture pour artistes. Elle a été jugée trop siccative ! Mais, à la différence de l'huile de lin, qui a toujours gardé ses adeptes parmi les peintres eux-mêmes du fait, précisément, de son excellente siccativité, l'huile de noix, parce qu'elle était aussi réputée pour son faible jaunissement - critère qu'on a très certainement trop souvent mis en avant au détriment de la solidité du film pictural - a subi de plein fouet la concurrence des huiles d'œillette et de carthame, à siccativité lente, et dont les fabricants vantaient, justement, la quasi absence de jaunissement.
 
Pourquoi, alors, cet intérêt renouvelé pour cette huile un temps oubliée ? Du fait du regain de curiosité actuel pour le métier des Anciens et les techniques associées. L'Atelier des Fontaines, certes fidèle partisan de l'usage de l'huile de lin pour la composition des médiums, ne pouvait donc pas ignorer plus longtemps l'importance de l'huile de noix.
 
 
 
L'huile de noix, un produit excellent, en particulier pour le broyage des pigments
 
 
En effet, ce que l'on demande à un médium est très différent de ce que l'on peut exiger d'une huile de broyage. Un médium est, avant tout, un additif. On l'emploie avec une idée très précise des effets attendus lors de l'exécution de l'œuvre. Il se doit donc d'être très spécifique ; d'où la multiplicité des médiums disponibles depuis quelques dizaines d'années sur le marché. L'un souhaitera retarder le séchage de sa peinture pour pouvoir modeler très longtemps dans le frais, et sera donc intéressé par un médium du type "médium à l'ambre", quand un autre demandera à son médium, au contraire, de l'activer afin de pouvoir rapidement reprendre son travail. Son choix pourra, alors, s'orienter vers un "médium flamand à siccativité renforcée". Un troisième préférera un produit favorisant la matité ou l'épaississement de sa pâte, par exemple un "médium vénitien" à la cire, quand un quatrième attendra de son médium favori qu'il lui offre brillant, fluidité et transparence... Son choix ira, dans ce cas, vers un "médium Maroger". On voit là, au passage, l'extraordinaire palette d'effets que la technique de l'huile offre aux peintres.
 
 
A l'inverse, une huile de broyage est un produit "tout venant", un liant de base, neutre par définition, qui doit permettre de préparer des pâtes de manière quasi uniforme, l'idéal étant que, quels que soient les pigments broyés, ils aient tous la même vitesse de siccativation, de manière à éviter tous les problèmes classiques de la peinture à l'huile : frisure, embus, craquelures... La différenciation entre les pâtes viendra, au cours de l'exécution, ou d'une œuvre à une autre, justement, de l'addition d'un médium, variable par la nature du produit et par les quantités introduites dans la pâte picturale elle-même. Ceci étant, "tout venant" ne signifie pas que ce produit puisse être de qualité médiocre, au contraire, car il est un élément constitutif majeur de la peinture elle-même !  Avec les pigments, qui sont la couleur de la peinture, le liant de broyage est ce qui en fait la spécificité. Ainsi, il est bon de rappeler que ce qui fait la différence entre l'aquarelle, la gouache, la peinture à l'huile ou, plus récemment, l'acrylique, ce ne sont pas les pigments, mais les liants utilisés : gomme arabique, miel, huiles, résines naturelles ou synthétiques...
 
L'huile de lin, du fait de son excellente siccativité, de la dureté et de la grande résistance qu'elle communique à la pâte, même si elle jaunit un peu plus que d'autres huiles - phénomène qui peut être amplement minimisé par une cuisson bien menée et une exposition à la lumière durant son séchage - est donc très certainement l'une des meilleures huiles pour la fabrication des médiums. Si l'on considère, de plus, qu'un médium s'ajoute en quantité variable suivant l'effet que l'on en attend, et qu'en général, étant un liant lui-même, il tend à augmenter la transparence de la pâte, propriété particulièrement importante pour peindre les ombres, donc, en général les tons foncés, on peut considérer que son jaunissement n'affecte que très peu la coloration globale d'une œuvre picturale. Ce qui autorise, par exemple, l'emploi comme médium de certains vernis au copal fondus dans l'huile de lin, alors que leur coloration est extrêmement sombre. Par contre, employée de manière massive pour le broyage des pigments sensibles au jaunissement, les blancs et les bleus en particulier, la coloration de l'huile de lin pourrait, effectivement, déranger.
 
L'huile d'œillette, elle aussi, était déjà connue depuis longtemps. Turquet de Mayerne, par exemple, la cite, et indique précisément qu'elle jaunit fort peu, d'où son intérêt pour la peinture de fleurs dont le coloris très délicat doit être absolument exempt de jaunissement. Roger de Piles, dans son ouvrage "Elemens de peinture", réédité durant le XVIIIème siècle, abonde en ce sens, signalant, cependant, que son usage est fort limité. Le film produit demeure, en effet, souvent mou et gommeux, même après séchage. Il reste sensible à la chaleur et aux solvants.
 
De plus, parce que les peintures broyées exclusivement à l'huile d'œillette crue, sans adjonction d'un médium approprié, sèchent difficilement à cœur, les reprises effectuées avec cette huile peuvent être sujettes aux embus et donc, finalement, aux craquelures. L'une des erreurs de la fin du XIXème et d'une bonne partie du XXème siècle aura donc été de généraliser son emploi indistinctement à l'ensemble des couleurs à l'huile. Surtout, et nous insistons, cette généralisation a été effectuée à une époque où, dans la foulée de la révolution impressionniste, "médium" était devenu quasiment un gros mot. Recherchant avant tout la simplicité et la matité, on ne peignait plus qu'à l'huile crue, le plus souvent diluée exclusivement aux essences. D'où un patrimoine peint dont la durabilité est d'ores et déjà fort compromise. Les restaurateurs le savent bien, dont l'essentiel du travail porte sur la peinture des XIXème et XXème siècles.
 
Entre l'huile de lin et l'huile d'œillette, l'huile de noix a donc semblé un bon compromis aux yeux des Anciens. Séchant très correctement, même si elle le fait un peu moins vite que celle de lin, du moins dans un premier temps - mais, au fur et à mesure, après une période d'initiation un peu plus lente, elle rattrape largement son retard - elle jaunit, en effet, relativement peu ; d'où l'usage qu'en fait un Van Dyck pour le broyage de ses blancs, comme signalé plus haut.
 
Disposer d'une huile de siccativité correcte, de plus jaunissant peu, voici donc deux qualités justifiant largement le regain d'intérêt de l'huile de noix aux yeux des peintres contemporains soucieux de retrouver la qualité de la peinture des Anciens, en particulier comme liant de broyage des pigments. Le film produit est, certes, moins dur que celui obtenu à l'huile de lin mais, parce qu'il est plus souple, il peut être moins sujet aux craquelures, en particulier sur toile.
 
 
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L'huile de noix de première pression à froid,
un liant de broyage spécifique

 

 

 

 

Critères de choix d'une huile de broyage

 

Va pour l'huile de noix comme liant de broyage ! Mais, comme pour de nombreux produits, il y a huile de noix et huile de noix... Il nous faut donc revenir sur ce que l'on attend d'une huile de broyage. Elle doit :

1) Sécher durant un laps de temps correct ;
2) Se faire discrète, c'est-à-dire être peu colorée et jaunir au séchage de manière modérée ;
3) Etre suffisamment fluide pour être capable d'accepter un taux important de pigments (CVP : concentration volumique pigmentaire) ;
4) Enfin, après séchage, produire un film pictural final durable.
 
Concernant le premier point, il faut savoir que toutes les huiles végétales contiennent, à des taux variables, de la vitamine E. Cette caractéristique est une qualité précieuse pour l'alimentation, certes, car cette vitamine a un effet antioxydant sur l'organisme. C'est donc un élément protecteur des cellules. Par contre, on l'aura compris, pour la peinture, c'est un élément largement indésirable, car il contrarie le séchage. Il est donc important de l'éliminer.
 
 
 
 
 
 
 
 
L'huile de noix est, a priori, bien placée pour assurer le deuxième point. On l'a vu, elle jaunit peu... mais à la condition d'avoir été correctement démucilaginée (20). En effet, toutes les huiles, à des titres divers, jaunissent en siccativant. Mais les chromophores responsables de cette coloration sont largement détruits par la lumière, en particulier par les rayons ultra-violets. D'où la disparition de ce jaunissement si l'on prend la précaution d'exposer les peintures à la lumière durant leur siccativation. Les mucilages, substances présentes dans les membranes protectrices des graines et, quelle que soit la procédure, toujours plus ou moins entraînées dans les huiles lors du pressage, brunissent aussi à l'oxydation, mais ce phénomène, très prononcé, est, lui, irréversible. Il est donc particulièrement important d'éliminer au maximum les mucilages avant toute utilisation picturale. Or, la simple filtration sur buvard que les huiles alimentaires subissent ne permet pas d'atteindre ce résultat, car ces substances sont à l'état de solution ou de suspension colloïdale très stable dans l'huile. Ainsi, une huile filtrée peut sembler parfaitement limpide et contenir encore une quantité non négligeable de mucilage.
 
 

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Dépôt de mucilages dans une huile de noix
en cours de traitement

 

 
 
 
 
 
A titre d'exemple, nous présentons, ci-contre, une huile de noix de première pression en cours de traitement. Cette huile avait déjà été filtrée après le pressage initial des noix et était donc parfaitement transparente. Cependant, on constate que l'opération de démucilagination a fait apparaître une masse floconneuse qui dépose au fur et à mesure, preuve que des impuretés étaient bien présentes dans l'huile, quoique de manière non visible avant cette opération.
 
 
 
 
 
 
 
 
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Une quantité impressionnante de mucilages
dans une huile de lin en cours de traitement
 
 
 
 
 
 
 
 
Un autre exemple avec une huile de lin de première pression à froid. On constate que la proportion de mucilage pour une quantité d'huile donnée est très importante. D'où la nécessité impérative de traiter les huiles avant de les employer.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
traitement-huile-peinture-mucilage-atelier-fontaines-2.jpg   traitement-huile-peinture-mucilage-atelier-fontaines-1.jpg
Résidu mucilagineux en cours d'oxydation   Ligne supérieure : les mucilages en cours d'oxydation
Ligne intermédiaire : les mucilages non encore oxydés
Ligne inférieure : un dépôt de sable ayant servi durant le traitement
 
 
 
Ci-dessus, un résidu mucilagineux récolté après traitement d'une huile de lin. On voit clairement la coloration brune que le mucilage prend en s'oxydant.
 
 
 
Une fois l'opération de démucilagination effectuée, comme c'est fréquemment le cas, l'huile peut demeurer légèrement trouble. En effet, si la plupart des mucilages ont bien été éliminés, il peut quand même subsister un très léger résidu en suspension dans l'huile. Au moins, ce trouble, consécutif au traitement, a-t-il l'avantage d'avoir provoqué la précipitation des mucilages, donc de les avoir rendu visibles. Auparavant, bien que présents dans l'huile, ils n'en affectaient aucunement la transparence. Laissée à reposer à la lumière, l'huile relargue ce résidu qui dépose peu à peu (image ci-dessous). A bout de quelques semaines, l'huile aura bien éclairci et aura retrouvé une parfaite limpidité.
 
 
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Brunissement d'un dépôt de mucilage au fond d'un flacon d'huile de noix en cours de décantation

 

 

 

 

Par contre, comme les mucilages ramassés dans l'image précédente, ce dépôt brunit au fur et à mesure, comme on peut déjà le constater sur le document joint. On imagine sans peine l'apparence d'un blanc ou d'un bleu qui aurait été broyé avec une huile n'ayant subi aucun traitement de démucilagination... (voir plus bas quelques exemples de blancs broyés à l'huile).

 

 

 

 

 

 

Les industriels n'ignorent pas ce problème, qui pratiquent tous des traitements répétés et souvent particulièrement brutaux sur les huiles, de manière à en éliminer toutes les matières jugées indésirables : chauffage de manière à coaguler les protéines ; dégommage à l'eau bouillante additionnée d'acide phosphorique ou sulfurique ; centrifugation ; neutralisation des acides gras libres, encore appelée "raffinage alcalin", par traitement en présence de soude caustique ; décoloration à chaud sur charbon actif, sous vide ou sous atmosphère d'azote ; décirage par le froid ou à l'aide de solvants... Le produit obtenu, certes très pâle, a cependant perdu une grande partie de ses caractéristiques de départ. D'où des huiles presque sans corps, fluides à l'extrême, et à la siccativité fort médiocre, même concernant l'huile de lin. L'expérience peut en être faite à tout moment avec une huile du commerce. L'ajout de siccatif et/ou d'un médium approprié par le peintre lui-même sera censé compenser ces faiblesses...

 
A ces huiles commerciales, très belles dans leur flacon puisque très pâles, mais anémiques à l'emploi, la mode actuelle, particulièrement aux USA, répond par l'usage à des fins artistiques des huiles de qualité alimentaire dites de première pression à froid. Heureuse initiative ! Un tel produit présente, en effet, une fluidité satisfaisante puisqu'il n'a pas été chauffé, donc n'a pas subi de début de polymérisation, mais il conserve aussi, a contrario, une onctuosité bien éloignée du comportement quasi aqueux de la plupart des huiles commerciales. Aux USA, on dit de ces huiles de première pression qu'elles ont conservé un certain "boing", ce qu'on pourrait traduire par "du ressort".
 
 
 
Quelques exemples de blancs d'argent broyés avec différentes huiles (essais de 2008)
 
 
Ainsi, nous avons eu l'occasion d'essayer un blanc d'argent préparé avec une telle huile par une marque bien connue au Royaume-Uni. Nous étions très enthousiaste de pouvoir nous procurer de nouveau ce blanc, de plus en plus difficile à trouver en Europe, de plus broyé dans une huile de qualité. De belle consistance et très pâle comme attendu à la sortie du tube, ce blanc nous a malheureusement vite déçu. Au séchage, au bout de quelques semaines, il a pris une nuance jaunâtre plus soutenue même que certains blancs broyés à l'huile de lin ! (voir un peu plus bas). Et cette coloration n'a jamais disparu malgré l'exposition à la lumière. Depuis, nous avons remisé notre beau tube dans un tiroir... Que s'est-il passé ? Voguant sur la mode actuelle des huiles de première pression à froid, ce fabricant néglige la simple précaution de procéder à sa démucilagination ! Et l'on comprend pourquoi : pratiquée selon un procédé artisanal doux, cette opération est gourmande en temps et en manipulation, d'où un coût de fabrication non négligeable...
 
 
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Blanc d'argent broyé à l'huile de carthame
 
 
Un blanc d'argent d'une grande marque française, disparu depuis les années 2000 et le durcissement de la réglementation européenne. On peut noter sa belle onctuosité et son faible jaunissement uniquement perceptible dans les forts empâtements quand une partie de l'huile n'a pu être absorbée par l'enduit maigre sous-jacent. Ce blanc était broyé à l'huile de carthame. Quand le trop de réglementation tue des produits pourtant de qualité exceptionnelle...
 
 
 
 
 
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Blanc d'argent broyé à l'huile de lin

Un blanc d'argent d'une marque hollandaise haut de gamme dont la disponibilité est pourtant devenue fort problématique. Plus épais que le précédent, mais pas vraiment plus opaque (contiendrait-il un épaississant en sus ?) et broyé à l'huile de lin, il a comme prévu nettement jauni. Pour le broyage de la plupart des pigments, cette teinte ne serait guère discernable. Pour celui des blancs et des bleus, nous sommes plus circonspect, même si l'huile a été correctement démucilaginée. Ceci étant, une nouvelle exposition directe au soleil atténuerait vraisemblablement un peu cette coloration.

 
 
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Blanc d'argent broyé à l'huile de noix
Enfin, le blanc d'argent d'une grande marque au Royaume-Uni, dont nous parlions plus haut, encore commercialisé chez quelques distributeurs spécialisés. Très onctueux et très beau à la sortie du tube, car broyé avec une huile de noix de première pression à froid (indication portée sur le site du fabricant), on remarque malheureusement que son jaunissement est vraiment problématique. Comme quoi la qualité de l'huile ne fait pas tout : il est impératif de démucilaginer correctement les huiles destinées au broyage des pigments. Aucune exposition à la lumière n'a pu réduire notablement cette coloration...
 
 
 
Alors, quelle qualité d'huile de noix choisir ?
 
 
Une huile qui réponde tout à la fois aux quatre critères énoncés plus haut :
 
1) Pour un séchage en un temps correct, l'huile de noix est un choix satisfaisant, à la condition que la vitamine E (anti-oxydant bien connu) en ait été éliminée ;
 
2) Pour qu'elle demeure peu colorée à la siccativation, les mucilages doivent absolument être éliminés au maximum. A noter que, plus que sa faible coloration après préparation, l'essentiel est que l'huile ne soit pas colorée une fois sèche, qu'elle perde donc sa coloration au fur et à mesure plutôt que celle-ci tende à s'accroître. La pâleur d'une huile dans son flacon n'est donc pas un critère pertinent concernant sa qualité. Elle est le plus souvent le résultat d'un traitement uniquement cosmétique, à base de terres absorbantes, destiné à mieux faire vendre, mais qui n'ajoute que peu à la qualité réelle d'une huile. L'exposition à la lumière solaire agit différemment, non par la simple élimination préalable des colorants naturellement présents dans l'huile, à effet d'éclaircissement temporaire, mais par la destruction des molécules chromophores au fur et à mesure de leur apparition lors de l'oxydation de l'huile. L'éclaircissement qui en résulte est donc beaucoup plus profond et durable... mais nécessite là encore du temps...
 
 
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L'exposition au soleil éclaircit considérablement l'huile de noix
 
 
L'exemple ci-contre est caractéristique :
- à droite, une huile de noix pressée à froid, juste au sortir de l'opération de démucilagination ;
- à gauche, la même huile exposée au soleil durant deux mois en été. Elle a quasiment pris une apparence aqueuse... mais elle n'en a pas la consistance, loin de là ! S'il existe une huile idéale pour le broyage d'un blanc, la voici !
 
 
 
 
 
 
3) Ne pas avoir subi de traitements qui pourraient, soit lui faire perdre sa fluidité, par exemple un chauffage violent et prolongé, soit, à l'inverse, lui ôter son onctuosité originelle ;
 
4) Quant au dernier critère, la durabilité, on l'a dit, l'huile de noix répond parfaitement présente, puisque, avec l'huile de lin, elles ont été toutes deux les huiles les plus plébiscitées par des générations de peintres.
 
 
 
huile-noix-liant-peinture-atelier-fontaines-christian-vibert-23.jpg
Les deux versions de l'huile de noix Atelier des Fontaines

 

 

Nous avons donc décidé de nous lancer, nous aussi, dans la production d'huiles de noix spécifiquement destinées au broyage des pigments. Pourquoi ce pluriel ? Parce que, toujours soucieux de répondre au mieux aux besoins des peintres, nous en proposons deux variantes :

- Une huile de broyage destinée aux pigments naturellement bien siccatifs, telles que la plupart des terres, mais aussi du blanc de plomb ;

- Une seconde huile plus particulièrement adaptée aux pigments peu siccatifs telles les laques.
 
 
 
Les deux huiles de noix de première pression à froid Atelier des Fontaines
 
 
 
Fiche technique
 

- Huile de noix de première pression à froid, de qualité alimentaire, produite en France.
- Démucilagination douce et élimination de la vitamine E par une méthode artisanale totalement naturelle et respectueuse des qualités intrinsèques de l'huile.
- Pour la version de l'huile adaptée aux pigments à séchage plus difficile, addition très légère d'un siccatif de profondeur, devenu quasi introuvable sur le marché, ne provoquant ni frisage, ni craquelures, renforçant la dureté finale du film peint, de plus 
non coloré et particulièrement efficace.

 

Caractéristiques

 

- Huiles au séchage très satisfaisant, un peu moins rapide que celui d'une huile de lin mais, surtout, adapté aux pigments suivant leur siccativité spécifique.
- Coloration moyenne après préparation, typique d'une huile pressée à froid non décolorée de manière artificielle, mais qui peut, ensuite, être largement éliminée par l'exposition des flacons bien bouchés à la lumière directe du soleil ; coloration finale, après séchage, extrêmement faible.
- Huiles bien équilibrées dans leur rapport fluidité/onctuosité, qui permettent la préparation de pigments même réputés difficiles à broyer, tel que le blanc d'argent. Dans certains cas, en particulier pour la préparation du bleu outremer, pigment particulièrement complexe à broyer, un épaississant peut être nécessaire.
- Excellente durabilité du film peint, en particulier sur toile, du fait de leur bonne souplesse.

 

Pour voir un exemple de broyage d'un pigment à l'huile de noix.

 

 

 

 

  

 

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Date de création : 04/03/2014 - 16:28
Dernière modification : 16/09/2022 - 15:52
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Réactions à cet article


Réaction n°1 

par Philippe le 09/03/2014 - 23:19

L'huile de noix sur l'Atelier des Fontaines ? Quelle heureuse initiative !

 
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A propos de l'Atelier des Fontaines >>

Christian VIBERT

- Ancien étudiant à l'Ecole des Beaux-Arts de Versailles et de Paris (ENSBA)

- Copiste au Musée du Louvre

- Licence d'arts plastiques Panthéon-Sorbonne Paris I

- Licence de sciences de l'éducation Nanterre Paris X

- Artiste peintre

- Fabricant de médiums
(auto-entrepreneur)

- Enseignant

- Formations en techniques de peinture anciennes (Moyen Age au XIXème siècle), préparation des huiles et des vernis gras

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