Travailler conjointement au médium et à l'émulsion

 

 

 

 

Cependant, ces médiums et ces émulsions peuvent s’associer naturellement dans le cadre d’une technique dite « mixte » (16) qui permet de tirer tout le bénéfice de leurs similitudes et de leurs contrastes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les ombres transparentes et les vélatures (17) semi-transparentes seront posées au médium. Puis, sans attendre le séchage, les demi-tons (18) translucides et les lumières opaques seront superposés à l’émulsion selon une alternance maigre sur gras (19) sans limites techniques, aussi longtemps que l’artiste le jugera nécessaire.

 

Avec l’association des médiums gras et des émulsions correspondantes, le peintre n’est plus obligé de partir d’un dessous maigre qu’il se doit d’enrichir, au fur et à mesure de l’avancement de son travail, en composants gras. La sacro-sainte règle du "gras sur maigre" (19) n’existe plus. A chaque début de séance, on pose les couches grasses sur lesquelles on reprend, dans le frais, avec des couches maigres. A la séance suivante, la surface à travailler présentera donc de nouveau un fond maigre.

 

Seule précaution : sur une partie sèche préalablement travaillée au médium, donc grasse, sur laquelle on souhaiterait reprendre directement à l’émulsion, il sera nécessaire de passer au préalable une fine couche de médium frais bien dilué à l’essence, de manière à repartir sur un fond légèrement gras. Sous cette seule réserve, on retrouve avec l’association du médium gras et de l'émulsion correspondante toute la liberté d’exécution propre à l’emploi de chacun de ces produits employé séparément... et même plus !

 

 

Christian VIBERT Le soir Huile sur toile marouflée sur panneau

 

 

 

Le soir (détail )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le soir (détail 2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Médium et émulsion : deux produits complémentaires, mais aux réactions opposées

 

 

 

 

 

En effet, le procédé commun à toutes les techniques à l'huile depuis le XVème siècle jusqu'au XIXème, qui joue du contraste entre les ombres transparentes et l’opacité des lumières peut être ici poussé dans ses ultimes ressources, à la manière, par exemple, de Rembrandt. En ce sens, il est un des moyens offert au peintre d’approcher au plus près la facture si particulière du fameux peintre hollandais.

 

 

 

 

 

Christian VIBERT La vieille fenêtre Huile sur toile marouflée sur panneau

 

 

Christian VIBERT La vieille fenêtre (détail) Huile sur toile marouflée sur panneau

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur un dessous maigre et opaque plus ou moins empâté (5) à l’émulsion, il devient très facile, soit de reprendre avec des glacis (1) gras et transparents au médium, minces ou épais, au choix, soit de rehausser la couche maigre avec de nouveaux empâtements (5) opaques, créant ainsi une incroyable richesse de matière.

 

 

 

 

 

Empâtements généreux, glacis (1) subtils, demi-pâtes (2) et vélatures (17) s'exaltent les uns les autres, utilisant toutes les ressources nées tout autant de la similitude des médiums gras et de leurs émulsions correspondantes, que de leur opposition. Les limites techniques n’existent plus. Seules gouvernent la sensibilité du peintre, sa vision du monde et sa dextérité.

 

 

Christian VIBERT Le petit pêcheur à l'épuisette Huile sur toile marouflée sur panneau