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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" Copie d'après Rubens
Médium Maroger Atelier des Fontaines
Toile tendue sur châssis (162 x 114 cm) |
Catherine COURDIL-BOUTHINON se dit "Peintre-copiste". Casquette originale, quand la plupart des peintres se disent "Artiste peintre". Son témoignage est fort intéressant et confirme le fait que les méthodes pédagogiques ont bien évolué en ce qui concerne la formation des peintres. Nous avons vécu les mêmes évolutions et celles-ci nous sont rapportées régulièrement entre autres par nos stagiaires, et même par quelques professeurs d'école d'art avec lesquels nous échangeons régulièrement.
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
Catherine se présente : "Entre 1974 et 1980, j’ai étudié différentes techniques. Le graphisme à l’ESAG en préparatoire à Paris, la gravure, la sculpture et la peinture aux Beaux-Arts de Rouen et Lille - avec d’excellents professeurs, notamment avec le peintre Eugène Leroy en histoire de l’art. Celui-ci n’est pas étranger à mon amour de la peinture et au choix final de cette technique parmi toutes les autres".
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
"Après mes études, la copie n’entrait pas particulièrement dans mes projets, mais elle s’est vite imposée comme une évidence pour poursuivre mes recherches techniques et progresser. Elle est toujours présente aujourd'hui dans ma vie, et ce n’est pas sans raison : elle est un élément important de l’évolution régulière de mon travail."
"En effet, si je me suis lancé dans peinture à l’huile en 1976, aux Beaux-Arts de Lille, c’est depuis 1980 que je fais des recherches théoriques et pratiques sur la peinture à l’huile, notamment par le biais de la copie. Je suis devenue membre de l’association ATP - Art et Technique de la Peinture en 2019."
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
Catherine poursuit : « Je suis la seule copiste présente chaque semaine au Palais des Beaux-Arts de Lille depuis fin 2010 et, de ce fait, très bien accueillie. L'administration apprécie ma présence dans les salles. Mon travail est perçu comme une animation à destination du public. Je fais aujourd’hui un peu partie des murs !"
Echangeant régulièrement avec Catherine, nous lui avons répondu : "Comparant avec ce que nous savons de la formation artistique jusqu'à la fin du XIXème siècle, c'est à croire que les peintres actuels ne s’intéressent plus guère aux chefs-d’œuvre de nos musées… Quand on lit sur le site du Musée de Lille que la copie fait encore partie de la formation dans les écoles des Beaux-arts, je peux témoigner que ce n’était déjà plus le cas dans les années 75-80 ! À l’époque, à l'Ecole des Beaux-arts de Paris (ENSBA), où j'ai été étudiant, dans les ateliers, on faisait du Jackson Pollock ! Et j'étais bien le seul à m'intéresser à Rubens ! Par contre, on trouvait effectivement quelques copistes amateurs ou plus professionnels dans les salles du musée du Louvre."
Catherine nous confirme que, quelles que soient les écoles qu'elle a fréquentées, copier ne faisait, en effet, pas partie du programme. Et elle nous confie que, même si la copie n’a plus aujourd’hui le statut d’œuvre d’art, cela n’a pas d’importance à ses yeux. Elle n’accorde pas moins de valeur à ses copies qu’à ses originaux.
"Je travaille essentiellement sur commande, dans mon atelier, mais, au musée, j’ai toujours en cours une copie d’une œuvre de mon choix, même s'il ne s’agit pas d’une commande. Et, si « La Descente de Croix » ne trouve pas d’acquéreur, ce n’est pas très grave. J’aurai eu le plaisir de passer un bon moment avec Rubens. L’intérêt est ailleurs, dans les derniers progrès que je lui dois. Et elle pourra entrer un jour dans une exposition dont j’ai le projet."
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
Catherine nous décrit, ensuite, la manière dont elle travaille : "Je prépare moi-même mes panneaux, mais j’achète mes toiles préparées, surtout pour les grands formats. Je reprends simplement l’enduit avec un gesso [enduit acrylique] de bonne qualité avant de commencer."
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
"Je travaille, pour l’essentiel, devant et d’après l’original, et avec mon iPad pour les détails. Mais vous avez raison : il n’a pas été facile de voir ce tableau dans de bonnes conditions [l'original mesure 425 x 295 cm !]. J’aurais eu besoin d’un document plus grand, plus détaillé. Et je n'ai pas pu utiliser un escabeau."
"Par ailleurs, concernant le format de ma copie, je ne pouvais pas occuper plus d’espace devant l’original. En théorie, la taille ne me poserait pas de problème, car j’ai déjà travaillé sur des échafaudages pour un décor de théâtre. Mais que faire, ensuite, d’une toile d'une telle dimension ?"
"Pour « La Descente de Croix », j’ai fait une mise au carreau d’après un document photographique fourni par le musée. Une fois le dessin réalisé au fusain, je l’ai simplement essuyé après avoir fixé le dessin par un jus de noir de vigne, avant de le rapporter devant l'original. Mais, le plus souvent, j'utilise des crayons aquarellables. Une fois le dessin repris en jus, je lessive très rapidement la toile pour ne laisser aucune trace. J’aime la page blanche pour commencer mon tableau."
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Catherine COURDIL-BOUTHINON
"La descente de croix" (détail) |
"J'ai travaillé « La Descente de Croix » avec un médium Maroger. Vous trouverez ici des images et des précisions sur l’évolution du tableau exécuté sur place.
"Pour « Sainte Marie Madeleine en extase », toujours d'après Rubens, j’ai travaillé en technique mixte en utilisant le médium gras flamand et l'émulsion correspondante, en trois flacons d’huile cuite, vernis et liant aqueux, en version onctueuse. Mon blanc de plomb a été préparé à l’émulsion. Je me suis procuré ce blanc pigmentaire par l'Association ATP. Sa forme hydrophile est essentielle. Ici, plus de précision sur ce tableau.
Pour contacter Catherine :
https://troisieme-art.com
http://www.pba-lille.fr/Collections/L-Atelier-du-copiste
https://www.facebook.com/catherine.courdilbouthinon