"Atelier des Fontaines", "ATP - Art et Techniques de la Peinture", atelier "Le Chevalet Blanc" : je vous accorde qu'on s'y perd un peu ! Tentons quelques explications.
Ancien étudiant à l'ENSBA (Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris), j'ai eu la chance, durant les années 1980-1985, de travailler sous la direction de Nicolas Wacker, promoteur en France de la technique mixte. Bien que celle-ci me soit apparue tout de suite comme la méthode de mise en œuvre des matériaux picturaux la plus aboutie qui soit, englobant toutes les autres de manière synthétique, j'ai très rapidement délaissé les produits avec lesquels Wacker travaillait. Je ne pense pas qu'il ait pu ignorer qu'il en existât d'autres, plus performants. Mais, dans le cadre d'une école publique, avec des étudiants placés sous sa responsabilité, pouvait-il décemment leur proposer de cuire leurs huiles à haute température, avec les dangers d’incendie que cette opération présente et l'âcreté des fumées qu'elle engendre ? Et je ne parle pas, entres autres, de l'usage des oxydes métalliques qui interviennent durant leur cuisson, dont certains ne sont pas anodins. C'est aussi pour cette même raison que les blancs avec lesquels il leur proposait de travailler étaient les oxydes de zinc et de titane, pigments dont les caractéristiques, employés à l'huile, sont loin d'égaler le traditionnel blanc de plomb. Celui-ci, dans le cadre d’une technique qui veut approcher celle des Anciens, est, en effet, incontournable. De même, pouvait-il leur demander de dépenser leur maigre pécule estudiantin dans l’achat de résine mastic dont le prix dépasse de très loin celui de la résine dammar, beaucoup plus commune, dont il préconisait l'usage ?
Dès la fin des années 80, j'avais donc opté pour l'ancienne version du médium flamand de Lefranc et Bourgeois, mise au point dans les années 50-55 par Marc Havel suite à ses échanges assidus avec Jacques Maroger. Cependant, je l'avais adaptée à l'usage de la technique mixte, entre autres en l'émulsionnant avec un liant aqueux. Dans les années 2000, du fait de la disparition de ce médium, j'ai été amené à travailler à la recréation de médiums analogues (voir "A propos de l'Atelier des Fontaines").
"L'Atelier des Fontaines"
C'est ainsi que, en 2010, naissait le blog "Atelier des Fontaines". Lancé sur Internet comme une bouteille à la mer, sans garantie aucune s'il susciterait un quelconque intérêt, il était destiné à promouvoir la technique mixte et les médiums traditionnels associés auprès des artistes déçus de ne quasiment plus trouver sur le marché français et européen des produits qui avaient pourtant fait leurs preuves depuis des générations. J'ai été très étonné de constater que, sans attendre, cette initiative a trouvé un écho favorable. J'étais loin d'être le seul à regretter la disparition de ces produits. La première version du médium gras à la manière flamande et de son émulsion a donc très vite emporté l'adhésion d'un nombre croissant d'artistes peintres. Le pari était gagné au-delà de nos espérances !
Rapidement, j'ai donc monté une auto-entreprise afin de donner un cadre à cet engouement. A l'époque, je travaillais sur Saint-Germain-en-Laye (78) dans un petit atelier. Mais, à la suite de notre déménagement sur Brionne, en Haute-Normandie, en un lieu nommé "Les Fontaines", j'ai pu disposer d'un local un peu plus vaste. Ainsi a été créé "L'Atelier des Fontaines", appellation tout autant d'un lieu que d'une entreprise. Peu à peu, notre matériel technique s'est perfectionné. Parallèlement à la fabrication et à la commercialisation du médium gras flamand et de son émulsion, les échanges quasi quotidiens que j'entretenais sur Internet m'ont amené à diversifier mes formules, afin de répondre aux demandes de peintres désirant des produits leur permettant d'exprimer plus finement leur ressenti pictural. Les trois versions onctueuse, moyenne et tirante du médium flamand et de l'émulsion correspondante ont donc fait leur apparition, suivies quelques mois plus tard de la version dite "à siccativité renforcée".
Mais les versions du médium flamand n'étaient pas les seules sur lesquelles nous travaillions. De manière à enrichir l'offre de l'Atelier des Fontaines, et toujours sur la demande d'artistes plus nombreux, j'ai entrepris de remettre à l'honneur le fameux médium Maroger, uniquement encore disponible aux USA. Puis, quelques mois plus tard, nous avons proposé une version améliorée de son médium vénitien. Le processus se poursuit. Depuis maintenant quelques mois, j'ai présenté un autre médium tout à fait spécifique avec lequel je travaille depuis longtemps : le médium laque flamand. Difficile à composer car demandant des conditions de cuisson très précises, j'hésitais à le lancer. L'insistance de quelques amis m'y a poussé. Certains l'ont déjà essayé et en font "un produit miracle !" Sans aller jusque là, je reconnais que ses caractéristiques en font un matériau très particulier, permettant entre autres des effets a priori contradictoires, d'où son originalité. Les pages de présentation de ce produit existent déjà sur le blog et ne vont pas tarder à apparaître sur le site, mais sa commercialisation tarde quelque peu. Il y a tant à faire...
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L'association
"ATP - Art et Techniques de la Peinture"
En effet, depuis maintenant plus de six mois, l'un de nos amis, artiste de talent, m'enjoignait de lancer un atelier de pratique artistique. Son raisonnement était le suivant : un mode d'emploi, même très complet comme ceux que propose l'Atelier des Fontaines pour accompagner ses médiums, ne suffit pas pour permettre l'emploi judicieux d'un produit, quelles que soient ses qualités ; il faut avoir déjà assimilé certains principes présidant à la mise en place cohérente d'un tableau : compréhension de l'opposition radicale entre l'ombre et la lumière, tant au niveau de la matière que de la couleur ou de l'écriture ; moyens d'expression de l'espace, encore appelée "perspective atmosphérique" ; et, sur le plan strictement technique, usage pertinent des matériaux. Que dire encore de la préparation des supports, des encollages, des enduits, de toutes ces pratiques ancestrales qui faisaient de la peinture artistique un métier à part entière ? La mainmise de l'industrie sur la fabrication et la commercialisation des produits à destination des artistes, à partir du milieu du XIXème siècle, poussée à l'extrême depuis les années 50 avec le développement de la peinture comme moyen d'expression, non plus comme profession, a quasiment tout balayé. Rares sont ceux qui en connaissent encore les recettes et, surtout, la mise en œuvre pertinente. L'idée était donc là : au-delà de la mise à disposition des médiums, il fallait proposer des cours et des stages en permettant un usage raisonné.
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La réponse voit aujourd'hui sa concrétisation sous la forme de l'association "ATP - Art et Techniques de la Peinture". Montée en parallèle de l'Atelier des Fontaines, elle vise la promotion des matériaux et techniques de peinture, tant sous leur aspect matériel que dans leurs dimensions pédagogique et événementielle.
ATP a été "datadockée", c'est-à-dire recensée officiellement comme organisme de formation professionnelle. Ses références apparaissent donc sur le site de l'AFDAS.
L'atelier "Le Chevalet Blanc"
Encore fallait-il un lieu pour donner vie à cette association. Nouvellement installé dans un local commercial, au rez-de-chaussée d'un ancien hôtel bâti dans les années 1850 et transformé en un ensemble d'appartements sous le nom de Résidence du Cheval Blanc, l'atelier "Le Chevalet Blanc" permet, dorénavant, de regrouper les activités de l'auto-entreprise "Atelier des Fontaines" et celles de l'association ATP. Celle-ci bénéficie donc à la fois de l'appui logistique et financier de l'Atelier des Fontaines, de son site Internet qui en permet la promotion, et du lieu qui accueille ses activités. Le Chevalet Blanc, propriété de l'Atelier des Fontaines, devient ainsi tout à la fois un lieu de production artisanale, d'expression artistique, d'échanges et de transmission de connaissances.
Ami artiste, tu y es le bienvenu !