"Work in progress 1a" :
une démonstration de quelques possibilités de la technique mixte
A titre d'exemple, et à la demande d'un certain nombre d'utilisateurs, nous avons décidé de montrer quelques images d'un travail en progression (work in progress) selon la technique mixte. Notre but n'est pas de réaliser une œuvre mais, en nous libérant des exigences de la facture réaliste, de montrer avec le maximum de liberté ce qu'est la technique mixte, et son principe essentiel : le travail maigre sur gras, et en quoi le médium gras et l'émulsion maigre Atelier des Fontaines y sont particulièrement adaptés. Nous avons choisi d'opérer avec la version tirante du médium gras et de l'émulsion correspondante.
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Un support papier enduction maigre |
Nous travaillons sur un support papier à dessin Canson, enduction maigre. C'est le support économique sur lequel nous testons le plus souvent nos produits. Il est relativement lisse, mais un très léger grain peut s'observer dont les tracés au fusain ont accroché les aspérités. Ce tracé a été fixé par un encollage, d'une part pour ne pas être emporté par le travail pictural ; d'autre part, de manière à réduire légèrement l'absorption de l'enduit.
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Pose d'un glacis et modelé dans le vernis à retoucher |
Première phase : Le travail avec le médium gras
Après avoir passé sur l'ensemble de la surface un vernis à retoucher composé de 1 volume de médium gras pour 6 volumes de térébenthine, sans attendre l'évaporation du diluant, nous attaquons la première phase du travail de la technique mixte par la pose du médium gras. Nous travaillons avec de l'ocre jaune broyée à l'huile. Notre médium à peindre comporte 1 volume de médium gras pour 3 volumes d'essence de térébenthine.
On peut déjà noter que, bien que l'ocre jaune soit considérée comme une couleur plutôt opaque, le dessin transparaît dans toutes ses parties. Il est aussi très aisé, sans changer de brosse, de modeler la couleur dans le fond humecté de vernis à retoucher. On obtient ainsi toute une gamme de valeurs avec une étonnante économie de moyens. Remarquez encore les traces de brosse, laissées à vif ou fondues, sans la moindre coulure, alors que la pâte a été généreusement liquéfiée.
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Modelés de différentes couleurs entre elles
et dans le vernis à retoucher |
D'autres couleurs peuvent être introduites de manière, par exemple, à poser le ton local de sujets différents. Ici, nous travaillons avec une ocre rouge et un bleu phtalocyanine. Ces différentes couleurs peuvent être fondues sans difficulté les unes dans les autres. Elles tirent légèrement et agréablement sous la brosse, sans montrer ce poisseux qui peut arriver très rapidement avec un médium du commerce à l'huile et au vernis dammar ou synthétique, ni le glissant d'une pâte uniquement additionnée d'huile et/ou d'essence.
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Un médium qui autorise une facture très écrite |
Notez les stries laissées par le passage des brosses. Comme dans la peinture de Rubens, malgré la liquidité du médium dilué, elles sont toutes parfaitement visibles. On peut cependant, et à tout moment, décider de les fondre dans le milieu moite environnant. Remarquez aussi l'éclat et la transparence des couleurs, même aussi opaques que l'ocre rouge. Sauf en toute fin de travail, il est donc inutile de peindre avec des couleurs très saturées, le plus souvent fort onéreuses de surcroît (cadmium...). L'essentiel du travail peut être mené avec des couleurs peu coûteuses, plus faciles à harmoniser et à la stabilité éprouvée.
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Superposition de glacis dans le frais |
Sur cette première couche fraîche, il est extrêmement facile de poser d'autres touches qui pourront être elles-mêmes laissées à vif, superposées sur les premières...
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Modelés de glacis |
... ou de nouveau fondues avec celles-ci.
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Nouvelles superpositions |
Nouvelle superposition sur la seconde couche de couleur. Remarquez, par exemple, la variété des bleus, alors qu'à aucun moment nous ne les avons mélangés sur la palette. En effet, selon la manière de superposer les couleurs, elles peuvent prendre des tons extrêmement différents et ce, de manière totalement naturelle, donc harmonieuse, par le jeu même de l'optique de la couleur.
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Superposer, modeler :
un jeu d'enfant avec un médium thixotrope |
Et nouveau fondu.
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Reprise au médium pur, non dilué |
Sur les premières couches travaillées au médium dilué, il est fort possible de reprendre au médium pur. Epais, mais onctueux, lui non plus ne coule pas, même posé généreusement. Ces épais empâtements transparents, à la manière de Rembrandt, d'une profondeur étonnante, sècheront rapidement, sans aucunement plisser ni craqueler.
Notez la transparence. Le dessin au fusain continue à transparaître, même sous les glacis les plus épais.
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Stries à effet granité obtenues avec une brosse tenue horizontalement |
Le médium pur peut aussi être posé à l'aide d'une brosse tenue très à l'horizontale. Il laisse alors des stries à effet granité, en accrochant les légères aspérités du support. Ce type de rendu est facilité par l'utilisation de la version tirante du médium. Les versions moyenne et surtout onctueuse fourniront des tracés plus arrondis.
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Pose de glacis au pinceau doux |
Le médium dilué peut encore être posé au pinceau doux. Il permet alors un jeu de superposition dans le frais, sans aucunement décrocher la couche précédente. Ainsi, par exemple, il devient possible de souligner une forme, d'enfoncer une partie à l'ombre, toujours en gardant la transparence.
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Etat de l'ébauche en fin de première phase :
travail uniquement au médium gras |
Nous avons décidé d'en rester là de notre ébauche au médium gras. Notez encore les quelques coups de chiffon visant à retrouver le blanc du support. Ils permettent de redonner de la lumière avec une extrême facilité. En effet, il ne faut pas oublier qu'avec le médium gras, parce qu'il est onctueux sans être collant, il est tout autant possible d'ajouter de la couleur que d'en ôter. Un morceau ne vous plaît pas ? Un simple coup de chiffon, sans même de diluant, et l'on repart pour un nouvel essai.
Remarquez enfin l'apparence globalement aquarellée. Cette luminosité est caractéristique d'un travail en transparence, avec un plus : le médium gras permet de travailler rapidement si on le souhaite, mais aussi sans se presser si on le préfère ; ce que ni l'aquarelle ni, a fortiori, l'acrylique n'autorisent. De plus, il va être possible de reprendre avec des semi-transparences et des opacités, tel qu'on le pratique, par exemple, avec la technique de l'aquarelle gouachée. Par ce jeu de rehauts opaques affleurant dans un milieu globalement transparent ou translucide, on retrouve la grande tradition de la peinture flamande, Rubens en tête, qui a donné les chefs-d'œuvre que l'on connaît.
Nous vous donnons maintenant rendez-vous pour la deuxième phase de notre travail : la reprise à l'émulsion (voir notre "Work in progress 1b").