La réponse se trouve évoquée dans les modes d'emploi fort complets que nous joignons gracieusement à l'envoi des médiums et émulsions Atelier des Fontaines.
Ceci étant, nous pouvons ébaucher une réponse tout en sachant que l'un des objets des stages "ATP - Art et Techniques de la Peinture" est précisément de répondre à cette question. En effet, le sujet est vaste et nécessite, outre un apport théorique, démonstration et mise en œuvre pratique.
Supports souples ou rigides ? Si la toile tendue sur châssis, pour la majorité des gens, est considérée comme le support par excellence de la peinture à l'huile, les peintres amoureux de technique et quelque peu intéressés par la dimension historique de la question sont beaucoup plus réservés. Pour exemple, connaît-on des œuvres aussi anciennes et miraculeusement conservées que celles de la génération des peintres flamands tels les Van Eyck ou les Memling ? Toutes ces peintures ont été exécutées sur panneaux de bois. Et ce n'est pas un hasard. La toile est sujette aux variations hygrométriques. Elle ne cesse de s'allonger ou de rétrécir. Tant que la peinture est relativement fraîche - disons durant quelques dizaines d'années -, elle s'adapte à ces variations. Mais, passé ce laps de temps - et pour une œuvre qui brigue l'éternité, dix ou vingt ans sont peu de chose ! - le film peint perd toute souplesse et ne peut suivre ces variations. D'où les multiples craquelures qui sont le lot de tant d'œuvres peintes, en particulier sur toile.
Nous n'évoquerons pas même la fragilité intrinsèque de la toile qui fait le pain quotidien des restaurateurs confrontés aux innombrables toiles crevées visibles dans tant d'églises, d'entrepôts d'antiquaires ou de salles des ventes !
Or, hormis les cartons toilés, supports quand même de qualité médiocre, où trouver dans le commerce des supports rigides de qualité ? Le marouflage est la réponse à cette question. Xavier de Langlais l'a fort bien expliqué. Il reste à la mettre en œuvre.
Enduits gras ou maigres ? Si l'on se réfère encore aux écrits de Xavier de Langlais, les supports maigres seraient la réponse idéale. Il milite ardemment pour elle et ses arguments font autorité. Si ce n'est que la pratique dément ses affirmations. S'il prévient bien que la caséine ne peut être utilisée que sur panneau rigide, les préparations à la colle de peau, dont il vante pourtant les mérites, craquent inévitablement sur toile tendue sur châssis. L'expérience peut en être faite tous les jours, particulièrement selon les dosages qu'il fournit, beaucoup trop généreux en colle. Est-ce à dire que de Langlais ne savait pas ce qu'il racontait ? Non, mais au tournant de la seconde moitié du XXème siècle, et entre autres à son initiative, les techniques anciennes renaissent. Il est donc logique que, parmi la somme d'informations qu'il fournit, certaines nécessitent d'être revisitées.
La solution sur toile passerait donc par les préparations grasses ? Oui, malgré leurs défauts. Un peintre comme Yvel en est parfaitement d'accord. A ceci près que le produit traditionnel, qui en faisait la qualité depuis des siècles - la céruse pour ne pas la nommer -, est devenu quasi introuvable ! Les substituts à base de blanc de zinc et de titane, particulièrement fragiles et cassants, ne la remplaceront jamais... Il faut donc se rabattre sur les préparations vinylique et acrylique, donc maigres, mais souples - ce que les fabricants ont parfaitement intégré.
A savoir, pourtant, que les adeptes des préparations grasses ont des arguments qui ont leur valeur. Ces enduits, peu absorbants, permettent bien mieux un travail fin et parfaitement fondu, caractéristique essentielle, en particulier dans la peinture figurative. Ce n'est pas un hasard, par exemple, si toute la peinture académique française de la fin du XIXème, qu'on l'apprécie ou non, a été exécutée sur ce type d'enduit. Alors, que faire ? Des solutions existent, qui permettent, sinon de répondre directement au problème, du moins de le contourner. Nous les développons abondamment durant les stages.
Par ailleurs, défaut dont peu de peintres connaissent la réalité, les préparations vinylique et acrylique sont sensibles aux solvants dont les restaurateurs usent couramment, entre autres l'alcool. En d'autres termes, une peinture exécutée par glacis transparents, à l'huile, sur un enduit vinylique ou acrylique - qui est l'une des techniques remise à l'honneur depuis le retour en grâce des médiums - est devenue quasi indévernissable, au risque d'attaquer l'enduit avant même que le vernis soit ôté !
Comment dès lors procéder ? Peindre sur support rigide ? Lequel ? Et comment le réaliser ? Sur un enduit gras ou maigre ? Lequel ? Et comment pallier les défauts de chacun d'eux pour en tirer le meilleur parti ? Répondre à ces questions est, entre autres, un des objets du stage que nous proposons ici.
Christian VIBERT
Date de création :16/09/2014 - 16:34Dernière modification :01/03/2016 - 21:14