"Bonjour Monsieur Vibert,
Merci pour votre réactivité ; je regarderai votre proposition ce soir mais rien qu'à titre d'essai, je vous commanderai l'épaississant, vous pouvez donc regrouper ces deux commandes, je vous ferai parvenir un chèque pour le règlement du dernier.
En ce qui concerne son complément de siccatif, que vous recommandez fortement, pourquoi ces deux produits se complètent si bien ?"
Bonjour à vous,
Comme je l'indique sur la page de présentation de l'épaississant stabilisant ATP, son action est renforcée par celle du calcium contenu dans le siccatif plurimétalliques zirconium - calcium ATP. Le calcium agit, en effet, en particulier comme agent mouillant, ce qui facilite beaucoup la pénétration de l'épaississant, constitué de macromolécules, dans les espaces inter-pigmentaires. D'où le renforcement de l'action épaississante.
"J'ai un peu peur que ma peinture soit trop siccativée; car en-dehors de l'utilisation du blanc d'argent, mes couleurs sont broyées avec l'huile de noix légèrement "lithargée" (à froid)."
Je comprends votre hésitation. J'aurais deux remarques à formuler :
1) Attention à la préparation des huiles au plomb à froid. Non qu'elle soit négative en elle-même mais, selon la méthode employée (rapport entre les quantités d'huile et de litharge, surface de contact entre les produits, durée de l'opération, exposition ou non à la lumière...), il est difficile de parfaitement maîtriser la manière dont l'huile a été modifiée. Trop saponifiée, le risque existe de dégrader l'huile plutôt que de l'améliorer. Vous risquez d'obtenir, en définitive, non plus une huile lithargée, mais un siccatif à base de savon de plomb.
C'est, je le pense, l'une des erreurs techniques qui a conduit, entre autres le peintre bien connu, Odd Nerdrum, à la destruction d'une part importante de sa production. L'utilisation d'huiles sursiccativées au plomb est, de même, très certainement à l'origine de la rapide détérioration de nombre d'œuvres françaises du XIXème siècle (Delacroix, Prud'hon...), en lieu et place de celle, déjà suspectée, du bitume.
Si vous avez besoin d'une huile de noix plus siccative, je vous conseillerais plutôt la version légèrement siccativée de l'huile de noix Atelier des Fontaines. Elle comporte une petite dose d'un siccatif de profondeur, mais sans effet saponifiant. L'avez-vous essayée ? Qu'en avez-vous pensé ? Si l'accroissement de sa vitesse de siccativation vous semble encore insuffisant par rapport à l'usage que vous souhaitez en faire, il est toujours possible d'y adjoindre un peu de siccatif zirconium - calcium ou, plus actif, de cobalt - zirconium - calcium.
Enfin, autre solution, plutôt qu'une huile lithargée à froid, il est aussi possible de couper votre huile de noix crue avec une petite quantité d'huile de lin cuite. Le mélange de ces deux huiles sera nettement plus siccatif et la pâte y gagnera en richesse et onctuosité.
2) En effet, il n'y a, a priori, aucune contre-indication à mêler différents métaux siccatifs, du moins si leur proportion relative est bien maîtrisée. Leur action ne se duplique pas, ni ne se contrarie ; elle se complète. Ainsi, on trouvait encore, il y a quelques années, un siccatif plurimétallique en vente chez Kremer qui associait au moins cinq métaux différents, dont le plomb, le zirconium et le calcium. Comme je vous le disais, rien n'étant stable en ce bas monde, ce siccatif, très performant, a lui aussi disparu...
Dans le siccatif plurimétallique ATP, l'élément intéressant pour l'épaississement est le calcium. Le zirconium, quant à lui, permet d'activer la siccativation en profondeur, sans effet saponifiant comme le fait la litharge.
Cordialement,
Christian VIBERT
Date de création :10/04/2017 - 12:39Dernière modification :10/04/2017 - 23:45