Dosage et trempage de la colle de peau : avec cette colle, être précis est une nécessité |
Démonstration pédagogique de la cuisson d'un vernis : comme "en vrai", mais à petite échelle |
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Stage : "La peinture artistique,
Quelques photos et commentaires
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Voilà, le premier stage organisé par l'association loi 1901 : "ATP - Art et Techniques de la Peinture" vient de s'achever. Plein succès !
Ces quatre journées ont été on ne peut plus denses : 32 heures à monter, encoller et enduire des supports, à choisir et préparer des huiles pour le broyage, celui-ci étant pratiqué à la molette, à cuire des huiles et vernis en vue de la composition raisonnée de médiums, dont le fameux Maroger, et à finaliser le travail par le choix pertinent et la mise au point de vernis définitifs, tant aux résines naturelles que synthétiques. Et, bien entendu, à manipuler ces préparations, palette et brosses à la main, pour en ressentir les possibilités et spécificités. Le tout dans la bonne humeur, l'échange et la convivialité. Je tiens, d'ailleurs, à remercier ici les stagiaires pour leur motivation et l'abondance de leur questionnement personnel qui nous ont permis, bien souvent, d'aller au-delà de la mise en œuvre stricte du programme.
A l'appui de cette pratique intensive, quelques éléments de théorie indispensables pour comprendre ce que l'on fait et pourquoi : caractéristiques des colles, charges et pigments, principes de siccativation des huiles, influence de la température de cuisson et de l'addition de sels et oxydes métalliques, choix des résines, phénomènes de transparence/opalescence/opacité en relation avec l'expression plastique de l'ombre et de la lumière, examen de chefs-d'œuvre des écoles flamandes, hollandaises, italiennes et espagnoles en vue de saisir la manière dont les Maîtres concevaient et mettaient en œuvre ces notions...
Marouflage d'une toile fine sur un panneau de bois |
Quelques photos saisies au hasard du stage
Choix et préparation des supports : éléments indispensables à la pérennité de l'œuvre.
Tension de la toile sur le panneau |
Le pliage dans les coins : une opération demandant une certaine dextérité. |
Esquisse rapide au fusain |
Concentration |
Mise en pratique : la nature morte, un exercice de style qui permet de tester aisément les matériaux.
Enduction "au sabre" d'une toile de lin tendue sur châssis |
On s'active dans la bonne humeur ! |
La démucilagination d'une huile de première pression à froid : un travail indispensable à l'obtention d'une huile siccativant vite et quasi exempte de jaunissement.
Recueillir le jaune : un exercice tout en délicatesse. |
Préparation des médiums et émulsions.
Parmi ces préparations, nous avons composé et testé entre autres les médiums flamands, dont le bien connu médium Maroger, le médium vénitien, mais aussi les émulsions correspondantes, à l'œuf, à la colle de peau pourrie ou au liant aqueux spécifique aux produits Atelier des Fontaines.
Moments de quiétude... |
Mise en œuvre des matériaux.
...malgré l'intensité du programme ! |
Ombre et lumière : comment exprimer ces variations en alternant le médium et l'émulsion, dans le frais. |
Ebauche des différents travaux en une séance unique. Les œuvres ne seront bien évidemment pas achevées : il s'agit avant tout de comprendre le fonctionnement de la technique mixte et comment elle permet de dépasser la sacro-sainte règle du "gras sur maigre".
L'éclairage du modèle : lumière chaude, ombre froide |
Quelques ébauches produites par les stagiaires, en une seule séance
Ebauche au médium Maroger sur un fond de papier marouflé ; reprise à l'émulsion au jaune d'œuf. |
En première séance, ébauche uniquement avec les ocres jaune et rouge, un outremer et un blanc, le tout broyé à la molette. Obtenir un résultat abouti n'est pas le but. La limitation du temps ne le permet pas. Il s'agit seulement de tester les matériaux et de comprendre la logique de leur mise en œuvre. La limitation de la palette permet de préserver l'harmonie des coloris. Les teintes saturées pourront venir par la suite, si le besoin s'en fait sentir.
Ebauche au médium Maroger sur un support de toile fine enduit à la colle de peau ; reprise à l'émulsion à la colle de peau pourrie. |
Sur un fond plus absorbant, la sonorité des couleurs est atténuée. A l'ébauche, en facture ouverte, même à l'huile, on retrouve l'aspect aquarellé cher à Raoul DUFY, visible en particulier dans sa gigantesque "Fée électricité", au Musée Moderne de la Ville de Paris.
Ebauche au médium vénitien sur un support structuré à la sciure et enduit à la caséine. |
La légère granulation du fond apporte un certain graphisme qui pousse à une exécution dans un esprit plus décoratif.
Matière, fluidité et transparence : quand le fond se fait présent sous la touche picturale. |
Même procédé, même sujet : ébauche au médium vénitien sur un support structuré à la sciure et enduit à la caséine. |
Malgré la base commune, la personnalité des stagiaires se devine, plus par la recherche d'un certain graphisme dans le travail précédent, désireuse d'obtenir tout de suite un début de modelé, ci-contre.
Première phase de l'ébauche au médium Maroger Atelier des Fontaines sur papier marouflé ; pose des ombres au médium oléo-résineux |
Le propre de la technique mixte : alterner le médium et l'émulsion, mais dans le frais ; par ce moyen, ne plus être soumis à la tyrannie du "gras sur maigre". Ce faisant, selon la logique immuablement appliquée depuis la Renaissance jusqu'à la fin du XIXème siècle, on oppose l'ombre et la lumière.
A noter : même très diluée, la peinture ne coule absolument pas. On vérifie le caractère thixotrope des médiums utilisés.
Seconde phase de l'ébauche : reprise à l'émulsion correspondante. |
A noter : l'imprimature sous forme d'un mince glacis transparent apporte dès l'abord une certaine unité colorée au tableau. Par ailleurs, elle autorise l'ébauche tant vers le clair que vers le foncé, ce qui permet de visualiser dès la première séance la répartition des clairs et des sombres.
Ebauche au médium gras flamand Atelier des Fontaines sur toile tendue sur châssis ; reprise à l'émulsion correspondante. |
Un médium plus onctueux, plus riche, pousse à une exécution tout de suite légèrement plus empâtée, ce qui n'exclut pas la transparence des ombres, obtenue au médium, mais soutenue, en contraste, par un début d'opacité des lumières, brossées à l'émulsion.
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Même procédé que dans le travail précédent, mais un peu de médium à la cire a été ajouté tant au médium flamand résineux qu'à l'émulsion correspondante. |
Malgré une apparence encore très aquarellée, l'apport d'un soupçon de cire dans le médium flamand ajoute un surcroît d'épaisseur à la touche.
Une touche à la fois translucide et généreuse : mariage heureux de l'huile cuite, de la résine et de la cire |
La pâte picturale bénéficie de la transparence de l'huile cuite et de la résine, mais aussi de l'onctuosité de la cire. D'où la générosité des lumières, à la fois denses et pourtant translucides.
Un grand merci aux stagiaires qui ont accepté la mise en ligne de leurs travaux, bien conscients, pourtant, de leur inachèvement et de certaines faiblesses, conséquence du peu de temps imparti à leur exécution. L'essentiel tenait à la perception des possibilités de techniques issues de la Tradition, ce qui n'empêche nullement leur utilisation selon une sensibilité plus contemporaine.