La technique mixte peut être appliquée de manière plus ou moins rigoureuse. Nicolas Wacker l'enseignait d'une manière pure et dure. Dans notre propre pratique, très tôt, nous avions déjà pris quelques libertés avec sa manière de procéder, extrêmement rigide et, parfois, considérée comme un peu lassante. Certains de nos stagiaires ayant travaillé avec rigueur selon cette technique nous l'ont confirmé.
Il est donc tout à fait possible de prendre beaucoup plus de liberté avec cette technique. Elle ne doit pas être un carcan. Au contraire, elle doit permettre d'enrichir et de dépasser la technique dite traditionnelle "gras sur maigre". L'essentiel reste dans ce principe immuable : on peut travailler "maigre sur gras", mais toujours dans le frais. Hormis cette règle impérative, il est donc fort possible d'assouplir la manière de procéder. La preuve avec d'autres élèves travaillant dans un atelier parallèle : "Le Fil des Arts", à Brionne, où nous organisons aussi des cours d'expression picturale.
Elisabeth "L'oiseau tempête" Huile sur toile tendue sur châssis |
Elisabeth "L'oiseau tempête" Huile sur toile tendue sur châssis (détail) |
Fidèle, au départ, à la technique mixte, Elisabeth pose d'emblée des glacis gras sur son dessin fixé. Ils peuvent être minces (lumière jaune et premier plan) ou plus épais (figure centrale), d'où une variation de la saturation obtenue en ne jouant que sur une gamme très limitée de pigments.
Elisabeth "L'oiseau tempête" Huile sur toile tendue sur châssis (détail) |
Mais elle poursuit le travail au médium avec des demi-pâtes semi-opaques (partie haute du document ci-contre). Ce faisant, du fait de l'introduction de blanc dans les pâtes posées au médium, elle s'écarte résolument de la manière "classique" de procéder en technique mixte. Celle-ci préconise, en effet, d'éviter le travail au médium avec des blancs, le but étant de respecter la transparence. L'essentiel étant le résultat obtenu, pourquoi se le défendre ?
Elisabeth "L'oiseau tempête" Huile sur toile tendue sur châssis (détail) |
Elle obtient, cependant, ses plus hautes lumières en reprenant dans le frais, à l'émulsion, profitant de l'éclat de ce produit et de sa facilité à sécher, même posé généreusement.
Véronique "Orage" Huile sur toile tendue sur châssis |
Véronique "Orage" Huile sur toile tendue sur châssis (détail) |
Sur un même document de départ, Véronique est plus respectueuse de la manière stricte de procéder. On retrouve bien, en particulier, la finesse et la transparence des gris et des bleus posés sans adjonction de blanc.
Les lumières ont été reprises à l'émulsion, la pâte ayant été saturée d'eau, d'où les effets de grain observables.
Des glacis ont été superposés, en final, de manière à intensifier les parties les plus sombres.
Liliane "Lumières au bord de l'eau" Huile sur toile tendue sur châssis |
Autre travail à l'huile selon la technique mixte, mais très différent.
Liliane "Lumières au bord de l'eau" Huile sur toile tendue sur châssis (détail) |
Liliane a œuvré sur une toile à grain assez marqué et en empâtant fort peu. D'où cet effet de flou très particulier. L'imprimature de départ, gris bleu, très présente, contribue à l'aspect aérien de ce paysage. Mais l'essentiel tient aux gris optiques obtenus par superposition mince de vélatures claires sur des dessous plus sombres.