Rebonjour à vous,
"Je vous disais aussi que mon adhésion à l´ATP n´était pas mercenaire, mais qu´elle répondait surtout au fait que je n´ai cessé durant tout ce temps de compulser votre site, lecture passionnante et parfois « perplexifiante », mais d´un intérêt incroyable."
Le point le plus surprenant pour la plupart des personnes découvrant le site Atelier des Fontaines concerne la technique mixte. L’immense majorité des artistes ont, en effet, appris que peindre « gras sur maigre » est à la base de la technique à l’huile. Ce principe doit vous dire quelque chose. Or, s’il est parfaitement exact, il se trouve aussi que la technique mixte permet, et en toute sécurité, d’inverser ce processus. Ce qui présente énormément d’avantages, à commencer par le fait de ne plus être limité par cette progression vers le toujours plus gras. Avec la technique mixte, il devient possible d’opérer en autant de séances que le besoin peut s’en faire sentir : en « fa presto », en une séance unique, comme en 30 ou 40 séances, comme Titien a pu le faire.
Par ailleurs, cela permet de différencier radicalement les matières traduisant l’ombre et la lumière. On oppose le clair et le sombre, le chaud et le froid, le mince et l’épais, mais encore la transparence et l’opacité. D’où la caresse visuelle ressentie.
Sans parler de la facilité de manipulation des pâtes oléorésineuses dans lesquelles on mêle une partie aqueuse, et de leur vitesse de siccativation. Rembrandt n’aurait jamais pu peindre avec de telles épaisseurs, reglacées très rapidement en transparence, s’il n’avait pas disposé de pâtes à l’émulsion.
"En m´inscrivant, il m´a semblé que je vous devais ce tribut pour tant d´informations intéressantes ,et données si généreusement. L ´écriture d´un livre me semble presque logique, et je me jetterai dessus quand il paraîtra. Néanmoins, je comprends que vous soyez quelque peu débordé …
Je vais donc acheter le Maroger, pour l ´instant sous sa forme de tube, parce que j´en suis encore à distinguer la tête de la queue d ´un pinceau…ou presque ! et que je trouve la peinture à l´huile passablement effrayante, même si je prends des cours."
Effrayante, non, pas du tout ! Une fois compris quelques principes basiques, elle permet quasiment tout, et avec une extrême facilité. Bien plus, par exemple, que l’acrylique qui sèche tellement vite que tout modelé devient une épreuve de course de vitesse. Sans parler du fait qu’il faut constamment refaire les mélanges de couleurs qui ont séché sur la palette ou le tableau, avec la difficulté de retrouver le ton exact. On est toujours dans l’à-peu-près et la précipitation !
À l’huile, avec une technique adaptée, les mélanges se font la plupart du temps sur le tableau lui-même et l’on dispose de tout le temps nécessaire pour travailler dans la sérénité.
"J´étais très intéressée par votre stage d´avril en 4 jours (et pour l´aspect préparation des fonds, et pour l ´apprentissage des mediums gélifié et aqueux, mais je crois que mes finances ne pourront pas suivre) . Sauf miracle de Noël."
Je vous le souhaite !
"Juste deux questions : est-il possible d ´acheter aussi le Maroger siccativant en tube ?"
Bien entendu. Voyez ici, en bas de page : http://www.atelier-des-fontaines.com/articles.php?lng=fr&pg=118
"Et quel est le délai de séchage ?"
Le médium Maroger en version classique peut demander une petite semaine de siccativation ; en version « à siccativité renforcée », comptez entre 2 et 4 jours, parfois moins. Maintenant, tout dépend, bien entendu, des pigments employés, de l’épaisseur du film peint et des conditions environnementales (température, luminosité, absorption du support…).
"Et ensuite, auriez-vous une de vos huiles à me conseiller ?"
Pour quel usage ? S’il s’agit de broyer des pigments, une huile de noix est idéale : http://www.atelier-des-fontaines.com/articles.php?lng=fr&pg=169 S’il s’agit de composer un médium liquide, une huile cuite répond à la question : http://www.atelier-des-fontaines.com/articles.php?lng=fr&pg=121. Elle peut être simplement cuite à haute température, dont plus onctueuse et légèrement plus siccative, ou cuite en sus en présence d’oxydes métalliques, donc de siccativité encore accrue.
"Je n´en ai encore acheté aucune…mes peintures sont de types assez « liquide », j´ai vu une huile Maroger…mais je n´y comprends rien."
La liquidité s’obtient essentiellement par l’apport d’un diluant : essence de térébenthine, par exemple. Mais tout dépend ce que vous souhaitez faire. Si vous cherchez à travailler par modelés et fondus « hyperréalistes » comme vous me le disiez dans votre premier mail, une pâte très liquide n’est pas nécessairement le choix le plus pertinent.
"J´attends votre réponse, (quand vous aurez le temps, et je passerai par L´Atelier des Fontaines, si c´est la bonne démarche)."
Quand vous le souhaitez, mais prévenez-moi à l’avance. Je ne suis pas en permanence à l’Atelier.
Bien cordialement,
Christian VIBERT