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Forum - Sujet n°122

Sujet n°122  -  Accélérer la siccativation de l'huile gélifiée
    -  par ChristianVIBERT le 29/12/2020 - 11:06

Bonjour à toi,

 

"De quelle meilleure façon puis-je accélérer la siccativité de l’huile de lin gelifiée ?

 

En effet, puisque qu’entre les liants que je possède c’est elle qui sature le mieux mes couleurs, je souhaite appliquer mes premiers glacis colorés par dessus mon dessous blanc (quelle luminosité !) avec ce médium. Seule bémol, quand je repasse un vernis à retoucher 24h plus tard par 15-16° dans l’atelier pour travailler mes vélatures par dessus, l’essence de térébenthine  re dilue  mes glacis. Par pratique pour travailler rapidement, merci pour vos lumières.

 

En pièce jointes deux photos de mes petites expérimentations de matière menées en ce sens avec le médium flamand et l’émulsion (je ne quitte pas l’objectif « chair » des yeux!)

 

Quel plaisir, j’ai le sentiment d’être né pour ça. Ces sensations éprouvées dans le travail de la belle matière font réellement ma joie."

 

Si tu travaillais sans médium ni émulsion, à l’huile pure et dure comme nombre de peintres qui, ce faisant, croient être dans la Tradition, alors qu'ils ne font que s'appuyer sur la pratique impressionniste qui, précisément, a rejeté cette Tradition, ton impatience serait justifiée. Ce n'est pas le cas, et tu peux en apprécier tous les avantages.

 

Avec l’huile gélifiée, tu vérifies qu’une journée de séchage se montre insuffisante. Il faut donc patienter un peu plus. À noter dans tes carnets.

 

Si, cependant, le fait de devoir attendre la siccativation est une gêne, ce que je peux comprendre, la solution consiste à travailler sur plusieurs ouvrages en parallèle. Pendant que l’un sèche tranquillement, tu avances les autres. Ce que j’explique dans les modes d’emploi. Cette manière de travailler présente de nombreux avantages que je ne rappellerai pas ici.

 

Toutefois, si tu tiens vraiment à pouvoir reprendre plus rapidement, j’ai précisément mis au point le médium flamand à siccativité renforcée, celui-là même dont tu t’es servi pour la première ébauche durant le troisième jour de stage (séchage possible en une nuit si l'on travaille par couches minces). Et tu as pu constater qu'il a été effectivement possible de reprendre en seconde séance le lendemain, quatrième jour de stage.

 

Maintenant, si tu désirais quand même accélérer la siccativation de l’huile gélifiée, tu auras la solution dans l’ouvrage que tu devrais recevoir d’ici la fin janvier. Là encore, il va falloir patienter...

 

Bonne journée de même,

 

Christian



Réponse n° 1
    -  par yoann le 29/12/2020 - 11:36

Bonjour Christian,

Merci pour votre retour, effectivement je vais attendre votre ouvrage. Je souhaite dans mon expérimentation bien conserver l'huile de lin gelifiée pour mes glacis, j'utilise dans d'autres circonstance le médium flamand (non à siccativité renforcé) qui fait très bien l'affaire, même en quelques heures.


Le problème que je rencontre dans mon cas présent, c'est que je ne peux peindre dans le frais sur ma couche de glacis à l'huile de lin gélifiée. Siccativée ou non, j'imaginais au moins pouvoir travailler dessus dans le frais et sans l'entraîner à ce point sous mon pinceau. Je mets en cause l'essence de térébenthine de mon vernis à retoucher que je doserais plus faiblement lors d'un prochain essai. Je ferais également bien attention d'utiliser un pinceau en poil de martre, trempé 15 min dans l'eau avant usage pour mieux l'assouplir. Je pense également apporter un peu de vernis mastic dans mon mélange d'huile de lin gélifiée pensant que cela améliorera sa siccativité (je n'en suis pas si sûre, vous me direz).


Bonne journée.



Réponse n° 2
    -  par ChristianVIBERT le 29/12/2020 - 11:47

Rebonjour,



"Merci pour votre retour, effectivement je vais attendre votre ouvrage. Je souhaite dans mon expérimentation bien conserver l'huile de lin gelifiée pour mes glacis, j'utilise dans d'autres circonstance le médium flamand (non à siccativité renforcé) qui fait très bien l'affaire, même en quelques heures."

 

Attention à ne pas confondre temps de siccativation et temps de prise. Les médiums flamands peuvent prendre plus ou moins vite, mais ils ne siccativent pas en quelques heures.

 

"Le problème que je rencontre dans mon cas présent, c'est que je ne peux peindre dans le frais sur ma couche de glacis à l'huile de lin gélifiée. Siccativée ou non, j'imaginais au moins pouvoir travailler dessus dans le frais et sans l'entraîner à ce point sous mon pinceau. Je mets en cause l'essence de térébenthine de mon vernis à retoucher que je doserais plus faiblement lors d'un prochain essai."

 

Mais pourquoi tiens-tu à passer un vernis à retoucher ? Tant que ton glacis est frais, tu peux reprendre dessus, en particulier à l'émulsion. Il s'agit précisément de l'un des avantages du travail à la technique mixte. Le vernis à retoucher n'est utile que lorsque le film précédent est vraiment sec, afin de retrouver un fond gras et moelleux.

 

"Je ferais également bien attention d'utiliser un pinceau en poil de martre, trempé 15 min dans l'eau avant usage pour mieux l'assouplir. Je pense également apporter un peu de vernis mastic dans mon mélange d'huile de lin gélifiée pensant que cela améliorera sa siccativité (je n'en suis pas si sûre, vous me direz)."

 

L'ajout de vernis accroîtra la fermeté du produit, son brillant et sa transparence, tout en accélérant la vitesse de prise. La siccativation elle-même sera peut-être un peu accélérée. C'est à vérifier.

 

Bon travail.

 

Christian



Réponse n° 3
    -  par yoann le 30/12/2020 - 12:34

Merci Christian,



"Mais pourquoi tiens-tu à passer un vernis à retoucher ? Tant que ton glacis est frais, tu peux reprendre dessus, en particulier à l'émulsion. Il s'agit précisément de l'un des avantages du travail à la technique mixte. Le vernis à retoucher n'est utile que lorsque le film précédent est vraiment sec, afin de retrouver un fond gras et moelleux."

 

Vous avez tout à fait raison de vous en étonner, car ce n'était pas tout à fait clair quand je me relis ! J'ai passé un vernis à retoucher car en 24h le glacis avait pris, il restait légèrement poisseux sous le doigt. Mais cela ne semblait pas suffisamment moelleux pour attaquer directement dessus " dans le frais". Au jugé j'ai donc passé un vernis à retoucher, ce dont j'aurais visiblement dû m'abstenir puisque si le glacis avait bien pris, il ne se dissoudrait pas ainsi j'imagine...

 


Quand vous dites d'un film pictural qu'il est " vraiment sec " (pour justifier de l'usage d'un vernis à retoucher) vous entendez " vraiment pris, non poisseux mais pas forcément siccativé " c'est cela ?



Réponse n° 4
    -  par ChristianVIBERT le 30/12/2020 - 12:46

Bonsoir Yoann,

 

"Vous avez tout à fait raison de vous en étonner, car ce n'était pas tout à fait clair quand je me relis ! J'ai passé un vernis à retoucher car en 24h le glacis avait pris, il restait légèrement poisseux sous le doigt. Mais cela ne semblait pas suffisamment moelleux pour attaquer directement dessus " dans le frais".

 

Remarque tout à fait pertinente.

 

"Au jugé j'ai donc passé un vernis à retoucher, ce dont j'aurais visiblement dû m'abstenir puisque si le glacis avait bien pris, il ne se dissoudrait pas ainsi j'imagine..."

 

Si, justement ! Car "bien pris" ne signifie pas "suffisamment sec" ! Que le glacis soit pris ou non, c'est-à-dire globalement encore frais, dans les deux cas, il est possible de poursuivre le travail. C'est ce que tu aurais pu faire dans la foulée de la pose du glacis.

 

Maintenant, bien entendu, le résultat d'une reprise effectuée sur un glacis encore plus ou moins moelleux, ou déjà nettement pris, n'est pas identique. Quand la couche inférieure est encore très moelleuse, sauf à travailler avec légèreté et sur un dessous obtenu avec un médium thixotrope, on est plus dans le mélange, dans l'obtention d'un fondu, d'un modelé. Quand le dessous est nettement pris, donc devenu non mobilisable, les superpositions deviennent nettement plus aisées. Ce qui ne signifie pas que la couche inférieure soit sèche. La preuve : un vernis à retoucher abondamment dilué à l'essence la remet en solution.

 
"Quand vous dites d'un film pictural qu'il est " vraiment sec " (pour justifier de l'usage d'un vernis à retoucher) vous entendez " vraiment pris, non poisseux mais pas forcément siccativé " c'est cela ?"

 

Non, encore une fois : "vraiment pris" et "vraiment sec" sont deux états bien différents. Pour t'en donner une idée, selon la composition d'un médium, s'il est, par exemple, très riche en résine, le film pictural obtenu peut prendre en quelques dizaines de minutes et donc recevoir facilement une superposition. Ce n'est pas pour cela qu'il supportera le passage d'un vernis à retoucher. Il n'en a d'ailleurs pas besoin, puisqu'il est encore frais. Par contre, il ne faut pas imaginer pouvoir y mêler la seconde couche.

 

Quant à la siccativation de ce film pictural, elle se prolongera peut-être pendant plus d'un siècle ! Constat effectué par des restaurateurs sur certaines œuvres particulièrement empâtées de van Gogh.

 

Pour résumer, les questions à se poser sont : comment différencier la prise de la peinture et sa siccativation ? Quand considérer qu'une couche picturale est suffisamment sèche pour supporter une reprise ? Y répondre demanderait un développement trop long dans un simple mail. Tu trouveras des réponses précises dans un des chapitres de l'ouvrage en parution : "E.3.3.11. Quelle durée de siccativation respecter avant une reprise ?" Il va donc falloir patienter encore quelques semaines...

 

Christian



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