Quand on assiste aux élucubrations d'un certain "art" contemporain, la lecture des écrits de Camille Versini, une élève d'Anquetin et collègue de Maroger, est édifiante. Que penserait-elle, alors, de notre époque !
Extrait du Cahier de l'Académie Anquetin n° XVII, page 87 :
Normalement, c'est à ce que l'art peut donner de plus haut et de plus complet que nous devrions prétendre aujourd'hui, étant donné que nous disposons d'exemples innombrables des plus belles périodes d'art, que nous pouvons y trouver les leçons les plus diverses et les plus rares, réunir en nous l'expérience et les possibilités de tout ce que l'humanité a produit de meilleur et que nous arrivons, nous, européens, après plusieurs siècles pendant lesquels, en Europe, l'art s'est régulièrement et diversement développé, au Moyen Age, à la Renaissance, au 17ème, puis au 18ème, où finalement c'est la France qui donne les derniers exemples d'une peinture ayant une valeur incontestable et originale.
Mais une rupture s'est produite, qui nous a coupés du passé : la tradition n'arrive plus jusqu'à nous. Et au lieu d'avoir le droit de prétendre à ce que l'art produit de plus évolué, de continuer, en partant soit de Rubens, soit des grands Italiens de la Renaissance, - soit même, plus modestement, mais avec la liberté qui ne vient qu'après les très grandes époques, à partir de Boucher ou de Fragonard, - il nous faut, au contraire, nous efforcer de retrouver la mentalité et le travail des artistes dits "primitifs". Car nous avons tout à rapprendre, et nous avons à nous refaire une conscience d'artistes, une conscience d'artisans calmes, modestes, patients, d'une probité intellectuelle qui manque à tout le monde de nos jours.
Camille VERSINI, 1973