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Forum - Sujet n°149

Sujet n°149  -  Problème d'embus
    -  par Delac3 le 23/03/2022 - 23:38

"Bonsoir Christian,

 

Je me permets de te poser une question concernant les vernis. Je ne souhaitais pas particulièrement vernir mes toiles"

 

Mais il le faudra, nécessairement, tôt ou tard.

 

"mais après des mois d'oxydation, les couleurs sont devenues mates"

 

Ces zones mates indésirables sont ce qu'on appelle des embus.

 

"(je n'ai pas utilisé de médium) et je souhaite leur redonner de l'éclat."

 

Ce qui montre bien qu'un bon médium est indispensable à l’emploi des pigments broyés à l’huile.

 

Je rappelle, à ce sujet, que la couleur employée telle qu’à la sortie du tube n’est pas une manière de peindre durable. C’est pourquoi, par exemple, bien que le Moyen Age ait connu la peinture à l’huile, il ne l’a pas utilisée en tant que matériau artistique. Il a fallu attendre la première Renaissance, dans les années 1410, pour que le procédé, suffisamment maîtrisé, prenne son essor en tant que moyen d’expression artistique. C’est donc bien qu’il s’est passé quelque chose entre ces deux périodes : précisément, la manière de travailler le liant huileux afin qu’il devienne pérenne. Et ces œuvres, après maintenant plus de six siècles, nous parviennent dans un état de fraîcheur remarquable.

 

À l’inverse, on peut citer les œuvres impressionnistes, que les peintres de cette période ne souhaitaient pas vernir afin de leur conserver leur matité, donc leur luminosité. Peintes uniquement avec des pigments préparés à l’huile crue éventuellement diluée à l’essence, elles passent, les unes après les autres, sous le pinceau du vernisseur dans tous les musées du monde,  ultime mesure pour espérer prolonger leur existence.

 

"J'ai donc l'intention d'opter, si possible, pour un mélange 1/3 - 2/3 de vernis, respectivement satiné et brillant.   Mais outre cette question relative au mélange en question, je souhaiterais surtout trouver un vernis qui permette à l'air de circuler pour garantir que les couches épaisses de certains endroit de mes toiles au couteau ne craquellent pas à l'avenir."

 

Effectivement, ces couches n'étant pas sèches en profondeur, il est trop tôt pour envisager la pose d’un vernis dit "définitif" ou "final" (qui ne doit surtout pas l'être en réalité). À savoir, cependant, que, selon l’épaisseur des couches, surtout si, en l’absence d’un médium bien formulé, la peinture n’a pas été correctement siccativée, elle peut mettre des années à sécher. Certains Van Gogh, par exemple, singulièrement empâtés, après plus d’un siècle, ne sont pas encore totalement secs en profondeur ! S'ajoute à cela le fait qu'aucun vernis ne préservera jamais une peinture des craquelures si elle n'a pas été exécutée correctement.

 

Un vernis assure une fonction principale : protéger l'œuvre. C'est pourquoi le fait de vernir on non ne se discute pas. Rien ne presse, mais il faudra, un jour ou l'autre, le faire. Le vernis assume une seconde fonction annexe, mais dont on peut mesurer les conséquences : finaliser l'aspect esthétique. D’où le choix, essentiel, de choisir un vernis adapté à la facture du tableau. Mais en aucun cas un vernis ne palliera une déficience technique.

 

"J'ai lu que ce type de vernis existait mais je n'en connais pas."

 

Il s'agit d'un vernis du commerce dit "à retoucher", qui peut, en effet, servir de vernis « temporaire » bien que celui-ci devienne, dans les faits, définitif. La question des vernis est plus complexe qu’il n’y paraît.

 

C’est ce même vernis qui sert à éliminer les embus consécutifs à une exécution mal maîtrisée. La plupart des marques proposent ce type de vernis. Chacune le formule à sa manière.

 

"Aurais-tu s'il te plaît un produit à me proposer?"

 

A. M. P.

 

Personnellement, non, tout simplement parce que le travail avec un médium et/ou une émulsion choisis en fonction de la facture souhaitée, même pour un travail en forte épaisseur, par exemple "au couteau", permet, justement, d'éviter ces problèmes. La panoplie est vaste. Il suffit d'opter, en connaissance de cause, pour le/les produits adaptés. C'est, entre autres, ce qui fait la richesse des techniques à l'huile.

 

Bien cordialement,

 

Christian



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