Atelier des Fontaines

Accueil  Nouvelles  Liens  Questions courantes  Livre d'or  Forum
Forum - Sujet n°150

Sujet n°150  -  Médium vénitien à la cire
    -  par Christel le 01/04/2022 - 17:02

Bonjour Christian,

 

Voilà que j'ai préparé un médium vénitien sur base d'une huile cuite flamande version moyenne.

 

J'ai respecté la recette présente dans le livre "Techniques de la peinture à l'huile". J'ai donc fait chauffer l'huile pour arriver à 120 degrés avec les deux types de cires dedans. Le hic c'est que j'avais pour thermomètre, un thermomètre qui restait bloqué à 63 degrés et avant que je m'en aperçoive, ça a dû chauffer de  trop, je pense que c'est monté à du 170 degrés et que c'est rester trop sur le feu... Ceci étant, j'ai récolté le mélange que j'ai mis dans un petit bocal. Je suis d'ailleurs en train de le tester avec un sujet de paysage. Le rendu me rappelle vaguement le pastel sec.



Il m'a l'air plutôt correct de consistance malgré tout. Bien sûr, il sèche beaucoup moins vite qu'un médium flamand et il me semble que les épaisseurs reste longtemps molles et même avec émulsion. Est-ce normal?

 

Et aussi par rapport au biocide, je l'avais en poudre (benzoate de sodium), ça a été compliqué de peser une si petite quantité du coup il est possible qu'il y en avait un peu de trop dans la mixture (que ce soit pour la prépa du médium ou pour la prépa de la gomme arabique que j'utilise pour l'émulsion), que risque t-on si il y a trop de biocide?

 

Une question par rapport au vernis dit final, que conseilles-tu pour respecter la consistance de ce médium?



Bien à toi,

 

Christel.

 



Réponse n° 1
    -  par Delac3 le 01/04/2022 - 17:30

Bonjour Christel,
 
 
"Voilà que j'ai préparé un médium vénitien sur base d'une huile cuite flamande version moyenne."
 
 
Excellente idée !

 

"J'ai respecté la recette présente dans le livre "Techniques de la peinture à l'huile". J'ai donc fait chauffer l'huile pour arriver à 120 degrés avec les deux types de cires dedans. Le hic c'est que j'avais pour thermomètre, un thermomètre qui restait bloqué à 63 degrés et avant que je m'en aperçoive, ça a dû chauffer de  trop, je pense que c'est monté à du 170 degrés et que c'est rester trop sur le feu..."

 

Pour la préparation des médiums à la cire, monter en température n'est pas recommandé. D'abord, parce que les médiums obtenus sont plus foncés. De plus, les cires ne supportent pas bien les hautes températures. En particulier, il faut absolument leur éviter de fumer, indication d'une montée en température trop importante.

 

"Ceci étant, j'ai récolté le mélange que j'ai mis dans un petit bocal. Je suis d'ailleurs en train de le tester avec un sujet de paysage. Le rendu me rappelle vaguement le pastel sec."

 

Les cires présentent dans les médiums vénitiens leur confèrent un aspect satiné, voire mat selon la proportion ajoutée dans les pâtes préparées à l'huile. Si tu veux leur conserver plus de profondeur, il faut employer ce médium avec parcimonie. Les cires sont des produits très actifs. Il n'est pas utile d'en introduire beaucoup dans les pâtes pour bénéficier de leur action.

 

Tu peux aussi utiliser ton médium vénitien en mélange avec le même médium gras flamand que tu emploies couramment (voir "Christel LEGISA",  "Christel LEGISA 2", "Christel LEGISA 3"). Tu bénéficieras de la générosité et de l'onctuosité de la cire tout en gardant la possibilité de travailler par glacis du fait de la présence de la résine mastic.

 

Par ailleurs, employées en émulsion avec un liant aqueux, les couleurs additivées avec un médium vénitien prennent un aspect d'autant plus mat. D'où, encore une fois, la précaution de n'en employer que peu si cette franche matité te dérange. Il s'agit, ici, vraiment d'une affaire de goût.



"Il m'a l'air plutôt correct de consistance malgré tout."

 

Si tu souhaites une consistance plus onctueuse, tu peux toujours lui ajouter quelques gouttes d'huile cuite. Tu peux aller jusqu'à 1 partie de cire en poids pour 9 parties d'huile.

 

Bien sûr, il sèche beaucoup moins vite qu'un médium flamand et il me semble que les épaisseurs reste longtemps molles et même avec émulsion. Est-ce normal?"

 

Encore une fois, n'en introduis que peu dans tes pâtes. Les cires limitent l'oxydation de l'huile. C'est à la fois ce qui contribue à la durabilité des couleurs comportant une petite part de cire, mais, en quantité importante, ce qui ralentit leur siccativation.

 

"Et aussi par rapport au biocide, je l'avais en poudre (benzoate de sodium), ça a été compliqué de peser une si petite quantité du coup il est possible qu'il y en avait un peu de trop dans la mixture (que ce soit pour la prépa du médium ou pour la prépa de la gomme arabique que j'utilise pour l'émulsion), que risque t-on si il y a trop de biocide?"

 

Employer un biocide dans le médium est inutile.

 

Pour ce qui est de la gomme arabique, le dosage du benzoate de sodium sous forme de poudre est de 0,1 % maximum. Mon conseil : tu commences par la plus petite quantité de biocide que ton matériel de pesée te permet de mesurer. Et tu adaptes ta quantité de liant aqueux en fonction de ce dosage.

 

Conseil supplémentaire : en sus, conserve ton liant de préférence au réfrigérateur. Ce n'est jamais inutile. 

 

"Une question par rapport au vernis dit final, que conseilles-tu pour respecter la consistance de ce médium?"

 

Logiquement, il faut employer un vernis mat ou satiné. Vois le chapitre "E.3.4.11. Vernir une œuvre travaillée avec un médium vénitien" dans l'ouvrage sur les techniques à l'huile. En mélange avec un médium gras flamand, le tableau supportera un vernis au brillant discret.

 

Bien cordialement,

 

Christian

 



Réponse n° 2
    -  par Christel le 01/04/2022 - 20:48

Merci Christian pour tes explications.


Aussi, lorsque tu écris que les cires ne supportent pas bien la chaleur, qu'est-ce que cela signifie exactement d'un point de vue chimique?

Et si jamais il y avait eu de la fumée lors de la préparation quelles sont les répercutions sur le produit final?


Grand merci pour tous ces détails,

 

Christel.

 



Réponse n° 3
    -  par Delac4 le 01/04/2022 - 23:23

Bonsoir Christel,


"Aussi, lorsque tu écris que les cires ne supportent pas bien la chaleur, qu'est-ce que cela signifie exactement d'un point de vue chimique? Et si jamais il y avait eu de la fumée lors de la préparation quelles sont les répercutions sur le produit final?"

 

Si la cire a commencé à fumer, cela signifie qu'elle a entamé une phase de décomposition, ce qui n'est jamais très positif. Bien entendu, la dégradation consécutive dépend de la température atteinte et de sa durée. Si ces deux facteurs se combinent, la dégradation est d'autant plus importante.

 

Dès que tu le pourras, je te conseille de t'équiper d'un thermomètre montant suffisamment haut, ou d'un thermocouple, et d'une balance sensible au 1/10 de degré. Le choix est vaste. Concernant en particulier la balance, si tu ne lui demandes pas, parallèlement, d'être capable de supporter une masse importante, tu peux trouver un instrument correct pour un prix raisonnable.


Bon travail.

 

Christian



[ Retour à la liste des sujets ]

up Haut up


Site propulsé par GuppY - © 2004-2013 - Licence Libre CeCILL
Document généré en 0.06 seconde