Rebonjour à vous,
"Je profite de mon mail pour vous poser une question : comment employer la poudre de marbre avec la peinture à l’huile ? Peut-on la mêler directement ? (J’en ai un gros sachet et ne sais comment m’en servir)."
Pour répondre à votre question :
- est-ce de la poudre de marbre blanc ?
- quelle en est sa granulation ? Fine, moyenne, grossière ? En principe, cette indication doit figurer sur le sachet d’origine.
- À quoi souhaitez-vous la mélanger ? Directement dans de l’huile ? Laquelle ? À une couleur déjà préparée ? À un médium ? Lequel ?
Dès vos réponses à mes questions, je poursuis.
"Je ne sais pas trop, je vous envoie la photo.
Pour l’instant, je ne l’ai mélangée à rien, ne sachant comment l’utiliser..."
D'après votre photo et le descriptif sur l'étiquette, il s'agit, a priori, d'une poudre de marbre blanc et de granulation fine. Donc un produit bien adapté à la peinture de chevalet.
On peut noter trois grands modes d'utilisation de la poudre de marbre blanc en peinture artistique :
- Soit comme matière première dans les enduits et matériaux destinés à la pose d'un fond plus ou moins structuré. C'est ainsi que la plupart des marques de peinture acrylique proposent des produits d'empâtement à base de poudre de marbre broyée dans un liant acrylique. Il est extrêmement facile, et bien moins cher, de composer soi-même ces produits.
Pour un enduit destiné à une œuvre à l'huile, on peut en introduire, par exemple un tiers, mêlée à d'autres charges : craie, blanc de titane, blanc de lithopone, etc. La poudre de marbre apporte sa blancheur, supérieure à celle de la craie, sa dureté et une certaine granulosité en fonction de la finesse du produit. Elle est, en effet, fournie plus ou moins fine. D'une manière générale, pour la peinture de chevalet, on conseille une mouture la plus fine possible, par exemple, 32 µm (granulation très fine). Mais on peut aussi la trouver jusqu'à 300 µm (granulation très grossière), intéressante pour la fresque. La granulation favorise l'accroche mécanique entre les couches d'enduit et celle des futures couches picturales.
- Soit dans la peinture elle-même. Employée massivement, elle est considérée comme un adultérant, une charge relativement peu chère dont le but est de faire masse pour abaisser le coût des pigments. C'est le cas dans certaines peintures "grand public".
Mais, en petite quantité, comme tous les carbonates de calcium, elle permet d'épaissir la pâte picturale sans l'éclaircir notablement, car elle est relativement translucide dans l'huile. Elle favorise, de plus, la durabilité de la peinture par son effet tampon, minimisant l’acidification de l’huile du fait de son oxydation. Elle améliore aussi la dureté du film pictural et lui apporte un aspect très légèrement granuleux, parfois recherché.
Pour ce faire, il est possible de la mêler jusqu'à 25 % à la quantité pigmentaire choisie. On broie le tout de manière épaisse dans une huile siccative. Nous conseillons l'huile de noix démucilaginée. Tous les pigments sont compatibles mais, en peinture à l'huile, l'usage le plus simple consiste à préparer prioritairement les blancs avec cette charge. Ceux-ci entrant dans la plupart des mélanges, du moins pour obtenir les demi-pâtes opaques ou translucides, on peut considérer qu'il n'est que peu utile d'en ajouter à d'autres pigments.
Autre solution, composer une pâte épaisse, uniquement avec de la poudre de marbre broyée à l'huile. On introduit une petite quantité de cette pâte dans les couleurs déjà préparées, selon les besoins, à même la palette.
De la même manière, il est possible de modifier la consistance des couleurs du commerce, soit en leur ajoutant un peu de cette pâte comme on le ferait d'un médium, soit en malaxant une petite quantité de poudre de marbre directement au couteau à palette dans les pâtes en tubes.
- Soit, enfin, comme un élément à part entière dans un médium ou une émulsion. L'une des utilisations parmi les plus pertinentes est l'adjonction à un médium vénitien à la cire. En effet, le choix de ce médium répond à trois souhaits principaux : épaissir les pâtes picturales tout en jouant sur leur onctuosité, faciliter les superpositions à frais, et accroître la siccativité des couleurs. Or le défaut connu de ce médium tient à une certaine mollesse persistante liée à la présence de cires. L'adjonction d'une petite proportion de poudre de marbre dans le médium lui-même, sans beaucoup l'opacifier, contribuera aussi à l'épaississement de la pâte picturale, mais en assurant parallèlement un durcissement conséquent. Par ailleurs, sa légère granulosité accompagnera pleinement ce médium auquel les cires apportent déjà cet aspect caractéristique.
À vous, maintenant, de procéder à quelques essais en fonction de vos souhaits. Tenez-moi au courant.
Cordialement,
Christian VIBERT