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Forum - Sujet n°164

Sujet n°164  -  De la plumbonacrite dans les blancs de Rembrandt ?
    -  par ChristianVIBERT le 24/10/2022 - 07:15

Bonjour Catherine,

 

"Dans le cadre de ma prochaine conférence je suis en train de revoir les articles qui concernent la découverte de la plumbonacrite dans la peinture de Rembrandt, parus en 2019, dont celui-ci.

Pourtant, malgré toutes mes recherches sur le sujet, j’avoue ne pas avoir compris comment l’introduction de litharge dans un blanc de plomb dispersé dans l’huile de lin, des produits connus à l'époque, a pu produire de la plumbonacrite, une substance visiblement exceptionnelle. Comment le comprends-tu ?"

 

Que l’on retrouve de la litharge (oxyde de plomb PbO) mêlé au blanc de plomb broyé à l’huile de lin dans la pâte de Rembrandt n’est, en soi, pas extraordinaire. Comme tu le dis, ces trois produits étaient d’usage courant au XVIIème siècle. Le blanc de plomb, n’en parlons pas : c’est le blanc de référence en techniques à l’huile depuis le XVème siècle jusqu’au milieu du XXème.

Quant aux huiles cuites à la litharge, elles sont omniprésentes dans les recettes de l’époque. Le manuscrit de Turquet de Mayerne, par exemple, en donne de multiples recettes. Et, bien que la litharge employée soit combinée aux acides gras de l’huile sous forme de savons de plomb, on peut bien imaginer que des restants, non parfaitement filtrés, aient pu, eux-mêmes, se combiner au blanc de plomb pour former la substance que ces documents mentionnent : la plumbonacrite. Pour ce qui est de cette réaction, voir avec les chimistes. Je pense qu’ils savent ce dont ils parlent. Dans ce cas, cependant, cette formation serait plutôt accidentelle, non pas volontaire comme dit dans ce texte.

Ceci étant, ce qui serait intéressant et ce que ne prouve pas ce texte ni d’autres que j’ai consultés, serait que cette substance produise, et de manière évidente, une pâte facilitant les empâtements. Que je sache, le blanc de plomb préparé à l’huile de lin, de noix ou d’œillette, et en particulier mêlé à un liant aqueux (œuf, colle de peau, caséine ou gomme arabique), donc émulsionné, permet déjà de produire d’épais empâtements siccativant merveilleusement, typiques, effectivement, de la facture de Rembrandt. Car il ne suffit pas de peindre épais. Encore faut-il que la pâte employée soit agréable sous la brosse et autorise une siccativation en profondeur dans des délais raisonnables. Aussi, est-il besoin d’y ajouter de la plumbonacrite ? Pour quel effet, quels avantages ? Je n’ai pas la réponse… Et ce texte ne le dit pas clairement. Si tu as d'autres informations, n'hésite pas à m'en faire part.

 

Bien cordialement,

 

Christian



Réponse n° 1
    -  par ChristianVIBERT le 24/10/2022 - 18:27

Bonsoir Catherine,

 

"Merci pour ta réponse, je vois que nous sommes sur la même longueur d’ondes.

Autre hypothèse, selon cet article  la plumbonacrite se serait formée au cours des siècles."

 

Cet autre article conforte ma réponse précédente. Il évoque bien la possibilité d'une action conjointe entre l'huile cuite à la litharge, celle-ci communiquant au milieu gras sa tendance basique (l'inverse de l'acidité), et le blanc de plomb. Et cette action se serait produite peu à peu ; donc non pas du fait d'une intention délibérée de Rembrandt, mais par un processus relevant de la pure chimie.

Bref, la conclusion que je formulais précédemment sur l'efficacité du seul blanc de plomb préparé à l'huile et émulsionné avec un liant aqueux, afin de se donner la possibilité d'obtenir des empâtements à la manière de Rembrandt, me semble tout à fait pertinente. C'est là où l'expérimentation, avec brosses et palette en mains, rejoint les analyses scientifiques ! Encore une fois, l'union de l'art et de la science !

 

Bien cordialement.

 

Christian



Réponse n° 2
    -  par ChristianVIBERT le 01/11/2022 - 22:15

"Exactement !

 

Catherine"



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