https://www.numerama.com/sciences/1325258-la-joconde-de-leonard-de-vinci-a-un-ingredient-secret.html
Un article qui confirme l'usage des emulsions chez Leonard de Vinci.
Du coup une question, puisque c'est une protéine qui semble protéger le blanc de plomb de l'humidité, est ce que la methylcellulose a le même effet de protection que le jaune d'oeuf?
Cordialement.
Guillaume PETIT.
Je vous remercie pour le lien vers cet article. Il confirme, une fois de plus, l'intérêt des techniques mixtes médium-émulsion et leur emploi généralisé jusqu'à la fin du XVIIème siècle.
"Du coup une question, puisque c'est une protéine qui semble protéger le blanc de plomb de l'humidité, est ce que la methylcellulose a le même effet de protection que le jaune d'oeuf?"
Concernant l'effet de protection contre l'humidité des protéines sur le blanc de plomb, je n'ai pas la compétence pour répondre. Si les scientifiques le disent, je leur fais confiance. Maintenant, il est exact que l'eau agit particulièrement sur ce pigment en lui conférant des propriétés très spécifiques. D'ailleurs, il est connu que les Anciens préparaient d'abord ce pigment à l'eau avant d'y apporter l'huile (flushing process). Mais ceci ne concerne pas directement sa conservation. Par contre, cela influe de manière très sensible sur sa manipulation lors du travail pictural.
Si donc les protéines agissent bien en tant que protection du blanc de plomb, alors, bien évidemment, les éthers de cellulose ne peuvent prétendre avoir la même action puisqu'ils ne contiennent pas de protéines. Cependant, cet article mentionne d'autres effets consécutifs à l'apport d'un peu d'œuf dans la peinture à l'huile :
- modification de la viscosité ;
- occupation de l'espace insuffisamment rempli par certains pigments, évitant ainsi le plissement du film pictural ;
- et limitation du jaunissement du liant.
Concernant ces effets, tout liant à l'eau peut les remplir, avec ses spécificités propres, bien entendu : la colle de peau, la caséine, le gomme arabique, etc. :
- En effet, apporter de l'eau par l'intermédiaire d'un liant aqueux modifie radicalement la consistance de la peinture autorisant, ainsi, un contrôle sans pareil de la touche ;
- Par ailleurs, il amaigrit sa composition, évitant donc le plissement lors de la siccativation d'un film de peinture trop gras et trop épais (exemple de "La Madone à l'œillet" cité par cet article) ;
- Il en active la siccativation, et en profondeur, d'où un comportement parfait même des empâtements les plus lourds ;
- Quant à la limitation du jaunissement, elle est à la fois la conséquence d'une meilleure siccativation et, surtout, du fait que ces liants, ne jaunissant pas par eux-mêmes, ils remplacent en partie la fonction de l'huile sans en avoir les inconvénients.
Bien cordialement,
Christian VIBERT
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