Bonjour il y a quelques années j'ai acheté du carbonate de plomb basique pur dans un laboratoire. Mais, ce n'est pas le bon carbonate puisque quand je veux le broyer il est transparent et la texture est comme le la craie. Je pensais pourvoir fabriquer ma blanc de plomb moi-même. Veuillez me dire qu'est-ce qui marque?
Hugues Bouchard
Bonjour Monsieur BOUCHARD,
La chimie des pigments est un domaine extrêmement subtil. Dans le cas qui vous occupe, il se trouve que le blanc de plomb utilisé par les peintres n'est pas un carbonate de plomb pur (formule PbCO3). Il contient une proportion de l'ordre de 30% d'hydrate de plomb, d'où sa formule complète : 2 PbCO3 Pb(OH)2.
Par ailleurs, la forme et la taille des particules de pigments a aussi son importance. Les blancs de plomb anciens obtenus par les procédés artisanaux hollandais ou autrichien, pour cette raison, étaient plus couvrants que celui produit depuis le début du XIXème siècle, en France, à Clichy, par un procédé industriel.
Il est donc possible que ces différences affectent les résultats que vous obtenez avec votre carbonate de plomb de laboratoire.
Les solutions :
1) Composer vous-même le pigment de manière artisanale, ce qui n'est pas compliqué en soi-même, mais demande du temps et des précautions lors des manipulations ;
2) Vous le procurer sous forme pigmentaire chez les rares distributeurs chez qui on le trouve encore, par exemple chez Kremer, mais pour combien de temps ? On vous demandera une attestation professionnelle, mais vous pouvez aussi essayer avec votre carte d'adhérent à l'association ATP.
3) L'acheter déjà broyé, de même chez quelques fabricants, mais qui se comptent désormais sur les doigts d'une seule main. A ce sujet, la coopérative ATP a pu négocier un très beau blanc d'argent chez le fabricant mondialement connu Blockx, et ce, avec une réduction de 15% (voir ici).
Cordialement,
Christian VIBERT
Pour ceux que le sujet intéresse :
http://enluminure-peinture.fr/techniques/lart-des-couleurs/category/135-la-ceruse-de-plomb
Le blanc de plomb est toxique par ingestion et par inhalation et ne doit pas être dispersé.
Sa manipulation exige des précautions et des protections spéciales, particulièrement lorsqu'il est sous forme de poudre.
Il est indispensable de bien s'informer sur la façon de procéder et de se protéger avant toute expérience.
Bonjour, merci pour les renseignements. J'aimerais connaitre le produit exacte que je dois ajouter à mon carbonate de laboratoire. Si possible, car je ne veux pas me tromper. Si c'est pas un mélange parfait, au moins je vais pouvoir l'utiliser pour apprêter mes toiles.
De plus, ici au Canada nous pouvons acheter du plomb sans carte spéciale. Je viens de m'acheter du blanc de plomb déjà broyé à l'huile de noix sans aucune carte. Je trouve ce blanc meilleur broyé à l'huile de noix, comme Rubens. Le votre de chez Blockx est broyé à l'huile oeillette, une huile peu siccative et très peu résistante une fois sèche. (d'après les tests de Claude Yvel). Vous devriez conseillé la compagnie Blockx de changer leur huile pour l'huile de noix. Rubens broyait le blanc à l'huile de noix. Vous devriez tenté de commander du blanc de plomb à l'huile de noix de chez Kama Pigment à Montreal sans carte. Ils livrent partout dans le monde même au Japon. Le blanc le plomb série 5 PH-500345. Vous pouvez aussi acheter le banc de plomb en poudre. Achetez en ligne c'est pas cher pour vous car vous acheter en Euro vs $ canadien.
Merci, Bonne chance!
Hugues Bouchard
Je remets certaines informations au clair pour ceux qui liront cette conversation et qui ont besoin de savoir : bien que l'offre se raréfie, il n'y a pas besoin de carte pour acquérir la majorité des blancs de plomb déjà broyés à l'huile dont les revendeurs sont listés ici : http://www.atelier-des-fontaines.com/christian-vibert/thread.php?lng=fr&pg=291&fid=1&cat=1
Et pour le blanc de plomb en poudre, j'avais appris qu'il est encore possible d'en acquérir dans au moins une boutique spécialisée (j'avais eu ce renseignement sur place) en présentant une pièce d'identité et en signant une décharge. Voici mon message à ce sujet datant du mois d'avril : http://www.atelier-des-fontaines.com/christian-vibert/thread.php?lng=fr&pg=319&fid=1&cat=1
Bonjour à vous,
J'aimerais connaitre le produit exacte que je dois ajouter à mon carbonate de laboratoire. Si possible, car je ne veux pas me tromper. Si c'est pas un mélange parfait, au moins je vais pouvoir l'utiliser pour apprêter mes toiles.
Honnêtement, je ne peux vous renseigner. Je n'ai jamais utilisé ce type de produit. Faites des essais, par exemple en y mêlant un peu de carbonate de calcium (de la craie). La céruse, qui servait traditionnellement à l'enduction des toiles, était un mélange de blanc de plomb et de craie.
De plus, ici au Canada nous pouvons acheter du plomb sans carte spéciale.
Et oui, dans la plupart des pays, la législation est plus souple sur ce point qu'en Europe.
Je viens de m'acheter du blanc de plomb déjà broyé à l'huile de noix sans aucune carte. Je trouve ce blanc meilleur broyé à l'huile de noix, comme Rubens. Le votre de chez Blockx est broyé à l'huile oeillette, une huile peu siccative et très peu résistante une fois sèche. (d'après les tests de Claude Yvel).
Comme tout produit, l'huile d'œillette a ses avantages et ses inconvénients.
Avantages :
- Un jaunissement extrêmement faible, ce qui est essentiel pour broyer les blancs et les couleurs froides tels les bleus ;
- Une souplesse durable, particulièrement intéressante sur toile.
Inconvénients :
- Une siccativité lente par elle-même, comme l'huile de carthame d'ailleurs, liant dorénavant majoritaire chez les fabricants européens ;
- Un film peint demeurant peu dur, rançon de sa souplesse.
Mais il existe des moyens pour pallier ces inconvénients :
- L'utiliser avec des pigments naturellement bien siccatifs et donnant par eux-mêmes un film dur. Le blanc de plomb en fait partie. Par ailleurs, il sèche merveilleusement bien en profondeur. Il n'y a donc rien à craindre dans le fait de le broyer à l'huile d'œillette ;
- Utiliser un médium bien siccatif. Les produits à base d'huile cuite au plomb entrent dans cette catégorie ;
- Eventuellement, y adjoindre un vernis dur, du type médium au copal ;
- A noter encore, s'il le fallait, qu'un tableau peint à l'huile n'est pas destiné à être exposé aux intempéries. L'huile d'œillette est donc bien suffisamment résistante pour cet usage.
En résumé, bien que l'huile de noix soit un liant excellent, du moins si elle a été correctement démucilaginée, il n'y a aucun problème à employer un blanc de plomb broyé à l'huile d'œillette. Je m'en sers très couramment depuis des années, en complément des blancs que je broie moi-même, et m'en trouve très bien.
Dans les faits, le blanc d'argent Blockx est l'un des plus beaux blancs jamais mis sur le marché : pur, épais et cependant onctueux, autorisant aussi bien de subtiles opalescences, particulièrement employé avec une émulsion, que de très beaux empâtements séchant parfaitement à cœur. Il combine à la fois dureté et souplesse, caractéristiques pourtant opposées. Il reste à souhaiter que, malgré des difficultés d'approvisionnement et la législation européenne restrictive en la matière, Blockx continue, le plus longtemps possible, à le produire.
Vous devriez conseillé la compagnie Blockx de changer leur huile pour l'huile de noix.
Blockx est une déjà bien ancienne maison fabricant et commercialisant des produits Beaux-arts de très haute qualité. Il est bien entendu toujours possible d'évoluer dans ses pratiques, ce que d'ailleurs Blockx fait régulièrement, puisque, par exemple, leur gamme de couleurs, a priori basée sur la prééminence des pigments minéraux, a pourtant intégré un certain nombre de pigments organiques. Mais ces choix sont toujours fait avec la plus grande prudence. Blockx ne peut se permettre de naviguer à vue sur la fiabilité de ses produits, car cette maison a précisément bâti sa réputation sur ce critère absolu. Un exemple parmi d'autres : à la différence de la plupart des fabricants, aucune étoile de fixité n'est indiquée pour les couleurs au catalogue. Blockx garantit tout simplement la plus haute fixité possible sur l'ensemble de sa gamme, ce que j'ai personnellement vérifié en consultant les ouvrages détaillant les caractéristiques des différents pigments utilisés actuellement en peinture artistique ou l'ayant été, autrefois.
Rubens broyait le blanc à l'huile de noix.
Aucun document, à ma connaissance, ne l'atteste clairement. L'huile de noix était plus couramment utilisée par les peintres du sud, en particulier les Italiens. Ce qui ne signifie pas non plus que Rubens n'en ait pas fait usage, au moins occasionnellement.
Vous devriez tenté de commander du blanc de plomb à l'huile de noix de chez Kama Pigment à Montreal sans carte. Ils livrent partout dans le monde même au Japon. Le blanc le plomb série 5 PH-500345. Vous pouvez aussi acheter le banc de plomb en poudre. Achetez en ligne c'est pas cher pour vous car vous acheter en Euro vs $ canadien.
Parlons donc finance.
Kama vend son blanc de plomb en tube de 125 ml pour 42,25 dollars canadiens. Au taux de change actuel (1 dollar canadien valant 0,721 euro), cela fait 30,46 euros. Si l'on met ce montant en proportion avec le blanc Blockx vendu en 200 ml, cela monte à 48,74 euros. Mais il faut compter le port : 52,03 dollars, soit 37,51 euros. Un total donc de 86,25 euros, à comparer avec les 67,53 euros, port compris, proposé par ATP. Je vous laisse juge.
Il en est de même pour le blanc de plomb sous forme pigmentaire. Kama le propose en 454 g pour 89,35 dollars. La maison Kremer le vend pour 50,93 euros en 1 kg. Si l'on effectue de nouveau les conversions dollars/euros et la mise en proportion, cela fait 141,90 euros le kg de blanc chez Kama, port non compris. En d'autres termes, là non plus, "il n'y a pas photo !"
Cordialement,
Christian VIBERT
"Vous devriez conseillé la compagnie" (...) "de changer leur huile pour l'huile de noix."
Je trouve cette phrase intéressante, car les réponses qu'elle entraîne prouvent à quel point malheureusement les peintres, même responsables et bien informés, ont été privés d'une partie de leur ancien pouvoir sur leurs matériaux de base et redoutent de perdre ce qu'il leur reste.
C'est la maîtrise de leur métier et la diversité de leurs moyens d'expression qui sont atteintes et qui continuent à être menacées.
Il y a une anomalie dans le fait que les peintres ne pourraient pas ou ne puissent plus (car cela a certainement existé jadis) demander à leurs fournisseurs d'utiliser l'huile qu'ils préfèrent avec le pigment blanc le mieux adapté à leur métier - et que les fournisseurs ne puissent plus, ou de moins en moins, pour beaucoup de raisons, répondre à ce type de souhaits.
Tout en remerciant très chaleureusement les fournisseurs qui continuent à proposer ce type de produits précieux pour le peintre, cela reste triste de ne pas pouvoir bénéficier d'un plus large choix dans les huiles de broyage des blancs de plomb en pâte - et il est désolant que cela soit même si compliqué d'avoir juste un tout petit peu de choix.
"De plus, ici au Canada nous pouvons acheter du plomb sans carte spéciale." "Vous devriez tenté de commander du blanc de plomb à l'huile de noix de chez Kama Pigment à Montreal sans carte. Ils livrent partout dans le monde même au Japon. Le blanc le plomb série 5 PH-500345. Vous pouvez aussi acheter le banc de plomb en poudre."
Ces informations peuvent être utiles.