Bonjour Christian,
J'espère que tu vas bien.
Voici près d'une semaine passée et la magie de ton cours continue à opérer lentement au fond de mes entrailles. J'ai relu mes notes déjà plusieurs fois et je me rends compte de l'immensité de ce que tu nous as transmis ... j'ai d'ailleurs décidé de relire convenablement Xavier de Langlais avec en arrière-fond tes enseignements. J'ai d'ailleurs quelques confusions que j'aurais aimé que tu m'éclaircisse.
1. Xavier de Langlais (que je nommerais XL par la suite) parle des erreurs multiples des impressionnistes dont principalement l'absence de résine dans leurs médiums et des innombrables retouche dans le demi-frais.
-> Cela veut-il dire qu'en absence de résine une peinture est voué à se détériorer ou est-ce qu'un vernissage en 2 couches (la première au copal et la seconde au dammar) permettrait de préserver celle-ci?
L’huile seule, en particulier l’huile crue, est soumise à ce que l'on nomme l’oxydation thermique, l’analogue de la combustion d’un matériau inflammable - qui est bien une oxydation -, mais à vitesse lente. La résine permet de limiter ce phénomène. C’est une des fonctions qu’elle assure, d’où la meilleure pérennité des médiums oléorésineux plutôt qu’uniquement huileux.
La peinture impressionniste étant généralement effectuée uniquement à l’huile crue est soumise à une détérioration à laquelle les musées du monde entier sont maintenant confrontés. Le fait de vernir les tableaux, quel que soit le produit utilisé, permet de mieux protéger la peinture puisqu'il limite le contact entre le film pictural et l'oxygène atmosphérique. D’où le vernissage des œuvres impressionnistes auquel on assiste, alors que les peintres, à l'origine, souhaitaient s’en abstenir afin de préserver la matité, donc la luminosité de leurs œuvres.
Le copal n’est plus utilisé par les restaurateurs du fait de sa coloration. Par contre, dans le cadre d’un double vernissage, en couche très mince et sur un travail en clair-obscur, cela peut être un choix intéressant.
-> Par rapport à retouche demi-frais XL parle à un autre endroit que Rubens lui-même apportait des touches finales en demi-frais et que ses œuvres ont très bien survécus.
Tant que la peinture est fraîche ou légèrement collante, en particulier du fait de l’évaporation du solvant ayant permis de mettre en solution la résine, et non de l’oxydation de l’huile, les retouches sont possibles. Quand elle le devient franchement, c’est-à-dire que l’huile a commencé à vraiment s’oxyder, il vaut mieux la laisser siccativer tranquillement.
2. En repensant à la technique mixte il me reste également une zone d'ombre. Pourquoi ne serait-ce plus obligatoire de penser gras sur maigre alors qu'au final il reste quand même une couche d'huile contenant les pigments qui doit elle-même siccativer?
En technique mixte, la couche grasse encore fraîche du dessous pénètre la couche maigre du dessus. C’est pourquoi il devient possible de superposer maigre sur gras. Cela ne signifie pas que l’huile des différentes couches ne doive pas s’oxyder. D’où l’intérêt des oxydes métalliques qui favorisent une siccativation en profondeur et de l’émulsion qui permet une meilleure pénétration de l’oxygène atmosphérique.
3. Hors sujet technique, je me demandais si tu commercialisait également l'huile noir car je n'ai rien vu à propos de ceci sur ton site. Je connais quelqu'un (dont moi) qui serait assez intéressé d'en acheter. Pour moi ce serait le temps d'avoir le matériel nécessaire à la fabrication de celle-ci.
Sur le site, tu peux trouver les différentes huiles de lin cuites. D’après toi, ayant suivi le stage, que peuvent-elles être ? Ceci étant, tu as en ta possession, une huile Maroger composée durant le stage. Après décantation, elle sera parfaite pour composer un médium thixotrope.
Voila déjà toute une série de questions qui j'espère ne t'ennuieront pas.
Aucunement. Par contre, j’ai un peu tardé à te répondre car les occupations ne manquent pas.
Amicalement,
Christian