La démucilagination artisanale d'une huile est une opération qui nécessite du temps et une abondante manipulation, d'où la remarque suivante reçue lors d'un échange de courriels :
"La démucilagination, c'est fastidieux, mais on a rien sans rien. J'y ai passé l'été dernier, tout cela pour découvrir dans un article récent que c'est parfaitement inutile ! Je suis à nouveau frappé comment on peut arriver à des conclusions diamétralement opposées pour un produit ou une technique donnée (indépendamment des recherches artistiques) et je ne sais plus où tourner la tête !"
Effectivement, il en est de la peinture comme de beaucoup d'autres domaines, en particulier le jardinage ou la santé, on peut entendre et lire à ce sujet tout et son contraire. Ce phénomène s'est entre autres accru singulièrement avec l'arrivée d'Internet : tout un chacun peut publier ce que bon lui semble, et ce, sans qu'aucune vérification n'ait été menée. Il est devenu fort difficile de se faire une opinion solidement étayée.
Dans un premier temps, il est donc nécessaire de voir à qui l'on a affaire, son expérience, sa fiabilité. Beaucoup de sites se satisfont, en effet, d'un ensemble de copier-coller réalisés à partir d'autres sites. Leur apport est donc, au mieux, celui de rassembler de l'information sur un sujet donné, au pire de ne faire que rabâcher les mêmes poncifs, voire les mêmes erreurs. Ne se référer qu'à des sites au sérieux éprouvé est donc la première attitude à adopter. Sur ce point, je ne doute pas que ceux sur lesquels vous vous appuyez entrent dans cette catégorie.
Mais cette précaution basique ne suffit pas : il est indispensable de vérifier par soi-même ce qui est dit. Là, comme toujours, l'expérience personnelle n'a pas de prix. En parallèle de la peinture elle-même, il est donc tout à fait profitable de mener quelques tests sur des fragments de toile ou de papier préparés. C'est une pratique que j'ai adoptée depuis des années et j'en retire depuis tous les bénéfices. On voit les réactions des produits à court, moyen et long termes, ce qui, en milieu huileux où les réactions sont souvent lentes, est particulièrement important. Maintenant, il faut savoir que la plupart des désordres qui peuvent survenir se produisent en quelques semaines ou quelques mois, parfois même en seulement quelques jours (frisage, embus...). Se lancer dans de tels essais est donc souvent très rapidement exploitable.
Concernant plus particulièrement la démucilagination, si j'ai décidé de la pratiquer, ce n'est pas par pur plaisir car, à moins d'utiliser des huiles commerciales aux réactions bien différentes de celles obtenues par première pression à froid, démucilaginer une huile est une opération peu complexe, mais, comme vous le dites vous-même, plutôt fastidieuse. La mettre en œuvre une fois de temps à autres pour une utilisation personnelle n'est guère contraignant. Effectuer cette opération à titre commercial est une autre affaire et la plupart des clients, d'ailleurs, n'ont que peu conscience que le prix auquel le produit est vendu justifie difficilement, entre autres, le temps que l'on y a passé.
Pour finir, je me permets de vous conseiller la lecture de la page mise en référence un peu plus haut. Les photos parlent d'elles-mêmes. Ensuite, bien évidemment, libre à vous de pencher plutôt pour une version ou une autre. Est-il indispensable de démucilaginer une huile ? Est-ce même utile ? Comment trancher ? La solution ultime ? Menez quelques essais. La réponse tombera, alors, d'elle-même.
Bien cordialement,
Christian VIBERT
Date de création :10/01/2016 - 14:19Dernière modification :11/01/2016 - 09:03