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Produits Atelier des Fontaines - Produits Atelier des Fontaines


actif  Sujet n° 14  Jaunissement durabilité dans le temps.

le 15/11/2014 - 05:29
par BoucharddeMonmorcy

BoucharddeMonmorcy

3 messages

Bonjour, j'aimerais savoir si quelqu'un à testé le médium au mastic flamand sur une très longue période pour voir s'il y a jaunissement ou détérioration? Claude Yvel est un adapte convaincu du vernis gel au mastic et celui-ci a toujours fait beaucoup de test au cours de sa vie. Je ne sais pas comment se comporte ses tableaux à long terme produit avec le vernis gel? Au Québec les restaurateurs déconseillent trop de résine, je me demande s'il y a des restaurateurs avec des avis différents en France? Merci! 


Hugues Bouchard

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Réponse n° 1
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le 15/11/2014 - 18:11
par ChristianVibert

Anonyme

visiteur

Rebonjour Monsieur BOUCHARD,

Claude Yvel, comme Marc Havel, comme Maroger, comme de très nombreux peintres adeptes des médiums gélifiés, tous sont d'accord sur la durabilité des produits du type huile cuite/vernis mastic. Personnellement, je les utilise avec bonheur depuis 40 ans sans aucun inconvénient. Mes premiers tableaux sont aussi frais qu'au premier jour ! Quel autre argument vous fournir ?

Je n'ignore pas, cependant, que Maroger a essuyé de nombreuses critiques à propos de son médium. Maintenant, il faut savoir qu'il y a manière et manière de composer ces produits. Que certains se soient mis en tête de les cuisiner eux-mêmes, sans expérience, et que cela les ait conduits à des échecs, c'est fort possible. Par ailleurs, indépendamment de la procédure, le choix des matériaux de base, huiles et oxydes métalliques, est, en effet, particulièrement important. C'est pourquoi, concernant les versions de ces produits que je compose, commercialise et utilise moi-même, je travaille avec des huiles de lin de Suède de première pression à froid et avec des oxydes de qualité laboratoire. Quant à la résine mastic, elle est très fraîche car je l'importe directement de Chios.

Me concernant, donc, j'ai cessé de me casser la tête à propos de la durabilité de ces produits. Sachant comment je les compose, et expérimentation à l'appui, je peins avec eux sans plus me poser de questions sur leur permanence, et j'y trouve un plaisir constamment renouvelé. Quand on pense aux générations de peintres, à commencer par les Romantiques, Delacroix en tête, et aux Impressionnistes à leur suite, qui ont rêvé de posséder de tels produits à une époque où on se demandait même s'ils avaient bien existé... Que n'auraient-ils pas donné pour avoir un médium de ce type sous leurs brosses !

D'autre part, il faut bien voir que, quand vous ajoutez le médium, qui contient déjà au minimum la moitié d'huile cuite, à vos couleurs déjà broyées elles-mêmes à l'huile, la proportion de résine présente au final dans la pâte devient relativement faible. Suffisante et nécessaire, cependant, pour limiter l'oxydation thermique de l'huile qui finirait par détruire la couche picturale si la résine ne la protégeait pas. Sur ce point, Wacker, introducteur de la technique mixte en France, est parfaitement clair.

Concernant, enfin, le jaunissement, certes la résine mastic fonce légèrement avec le temps. Mais les huiles crues qui servent au broyage des pigments, aussi ! La solution : exposer le tableau à la lumière ambiante durant toute la période que durera son séchage. En d'autres termes, ne pas stocker le tableau face contre un mur tant qu'il n'est pas sec à cœur. Travailler à l'huile, c'est accepter cette contrainte. Cela n'a pas découragé les peintres, depuis la Renaissance flamande jusqu'à nos jours. Sinon, il faut se résigner à travailler avec une technique aqueuse. C'est un choix à faire en connaissance de cause.

Cordialement,

Christian VIBERT

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Réponse n° 2
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le 15/11/2014 - 20:36
par BoucharddeMonmorcy

BoucharddeMonmorcy

visiteur

Bonjour Monsieur Vibert, il est certain que j'accepte les conséquences de peindre à l'huile. Je suis quelqu'un d'acharné dans mes recherches, autant pratique que théorique. Sur ce, je vous apprécie beaucoup et je ne veux pas vous embêter avec mes questions. Je veux seulement connaitre la vérité! Hier soir, je relu la thèse de doctorat de Laurence De Viguerie. La voici:https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/544509/filename/these_viguerie.pdf 
C'est assez compliqué à comprendre, mais je me suis attardé sur le chapitre 3 qui semble appuyé la théorie en faveur du médium de Jacques Maroger au Mastic pour la technique de Rubens. Elle s'est basé sur des tests de viscosité. etc.  Coté pratique effectivement il est extrêmement plus facile de peindre avec votre médium au mastic moyen qu'avec autre chose comme un médium liquide. Ce qui me trouble un peu, c'est que j'ai un ami qui ne crois pas au mastic et qui insiste pour que je lise les analyses et bulletins de la National Gallery. Dans quelques analyses, ils disent avoir trouvé de la résine de pin pour les glacis. Surtout dans une étude de tableau de VanDick ami de Rubens. Qu'est-ce qu'il ont vu exactement dans ces analyse et qu'est-ce qu'ils nomme résine de pin. S'il s'agit de Baume de Venise, c'est  difficile à employé surtout parce qu'elle sèche mal et ne correspond pas avec la méthode expéditive de Rubens. Est-ce possible qu'ils ont interprété la résine mastic comme étant de la résine de pin? Il reste que l'utilisation de la résine de pin du style ''baume de Venise ai été utilisé comme vernis à retouché à condition d'être recouverte. Je sais plus quoi penser...Merci!  Je vous laisse avec la référence du Bulletin:

http://www.nationalgallery.org.uk/upload/pdf/white1999.pdf

 

Vision partielle d'une analyse d'un tableau de Vandick:‘Portrait of a Woman and Child’ NG3011 canvas c.1620–1 1. Sample of lower ground 2. Rich, wine-red glaze paint of drape, upper left-hand side 3. Shadow paint (opaque) of black satin dress, lower right-hand edge 4. Dark blue paint of distant landscape, to left of sitters partially heat-bodied linseed oil (note 3) partially heat-bodied linseed oil + a little pine resin (note 4) heat-bodied linseed oil (note 5) linseed oil, partially heat-bodied (note 6)


Hugues Bouchard

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Réponse n° 3
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le 15/11/2014 - 21:58
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
4 messages

Bonsoir Monsieur BOUCHARD,

Précisons tout de suite que vous ne m'embêtez absolument pas. J'apprécie de parler peinture avec des passionnés.

Sachez aussi que je comprends parfaitement vos interrogations. Je les ai longtemps partagées, et je poursuis par ailleurs mes recherches. Mais, concernant les médiums huile cuite/résine mastic, leur valeur picturale n'est plus pour moi objet de questionnement. Comme je vous l'ai dit, je les utilise depuis plusieurs dizaines d'années et n'ai qu'à me louer d'avoir choisi d'appuyer mon travail, pour l'essentiel, sur ces produits.

Je partage par ailleurs pleinement les analyses de De Viguerie. Si nous n'avons malheureusement aucune preuve formelle de l'usage de ce type de médium par Rubens, il reste que beaucoup d'indices plaident en faveur de cette hypothèse, à commencer par le manuscrit de De Mayerne qui offre quantité de recettes basées sur les huiles cuites en présence d'oxydes métalliques. Quant au mastic, elle était l'une des résines parmi les plus usitées à cette époque. Il serait donc étonnant que les peintres n'aient pas eu l'occasion de tester ce mélange et constaté l'étonnant phénomène de gélification qui en résulte, et la facilité qu'il procure en situation picturale.

Concernant les analyses de la National Gallery, ces travaux sont intéressants par eux-mêmes, mais il faut savoir les prendre avec un peu de recul. C'est toute la différence entre une analyse de type scientifique et la mise en œuvre pratique. Je m'explique. Avez-vous entendu parler de l'archéologie expérimentale ? Cette discipline prétend mieux comprendre le passé en tentant de mettre en œuvre, de manière très concrète, les hypothèses de travail des chercheurs travaillant de manière plus théorique et conventionnelle. Je cite souvent la construction moderne du château fort de Guédelon, en France, selon les techniques médiévales, comme un parfait exemple de cette discipline.

Il en est de même concernant les techniques picturales. Il y a un monde entre effectuer l'analyse physico-chimique d'un échantillon prélevé sur un tableau, et tenter de retrouver, brosses et palette en mains, l'écriture et la matière picturale d'un peintre donné. Ainsi, les analyses peuvent prétendre ne trouver essentiellement que de l'huile comme liant chez les Baroques, quand tout peintre cherchant à retrouver la manière du Maître d'Anvers peut constater qu'en l'absence de résine, la tentative est vouée à l'échec.

Cordialement,

Christian VIBERT

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Réponse n° 4
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le 16/11/2014 - 18:42
par BoucharddeMonmorcy

BoucharddeMonmorcy

visiteur

Bonjour Monsieur Vibert, et les autres... 
Le médium Maroger fonctionne bien et finalement je ne trouve plus si épaisse votre version moyenne comparativement à de l'huile épaissie pure... Je pense qu'il faut se tenir au principe d'ajouter le moins d'huile possible, comme Oudry le dit. Après mes essais, je pense qu'un médium bien équilibré entre résine et huile cuite n'est pas nécessairement de trop. Je pense que le trop d'huile tue la peinture à l'huile, un apport de résine, en plus de changer la rhéologie de la peinture, permet de rendre cette peinture moins grasse, je pense. Bien qu'une surface trop résineuse, lustrée empêche aussi de faire coller la couche suivante. 
J'ai décidé d'arrêté de me cosser la tête pour trouver le vrai médium flamand. J'ai tout tenté et effectivement la seule bonne façon est d'utiliser le médium Maroger. Je suis déjà convaincu qu'un médium liquide n'a pas pu être utilisé, car cela rend les couleurs grises très rapidement. La térébenthine seule est utilisée pour fluidifier un peu la couleur exactement comme l'indique J-B Oudry, mais pas en grande quantité. L'huile noire ou grasse était utilisée aussi comme l'indique Oudry. Finalement le mystère réside seulement dans ce petit apport de résine supplémentaire. Les analyses de la National Gallery ont détecté de la résine de pin dans l'oeuvre de VanDick, mais finalement pour cet apport supplémentaire de résine, est-ce important d'avoir une résine de pin ou de la résine mastic? Pourquoi serait-il plus funeste pour un tableau d'utiliser du mastic plutôt de que la résine de pin? Selon vous, la différence chimique d'une résine de pin et d'une résine mastic est-elle si importante pour causer préjudice à une toile d'utiliser d'un plutôt que l'autre? J'aimerais connaître cette différence chimique, ce n’est peut-être pas grand-chose. De plus, une résine de 400 ans mélanger à de l'huile doit sûrement subir quelques changements chimiques au point de confondre les spécialistes.  
De plus, concernant votre moyenne version émulsion, il m'a été utile pour copier un Rubens afin d'aller porter des teintes délicates rosées sur des teintes verdâtres. J'aimerais savoir comment envoyer des photos sur ce Forum, je ne sais pas. Voici une photo d'un  original de Rubens de New York que je suis en train de copier. Voyez les teintes chaudes  et froides. Très compliqué... 
file:///Users/hugues-renebouchard/Desktop/IMG_6876.JPG 


Hugues Bouchard

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Réponse n° 5
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le 16/11/2014 - 21:59
par ChristianVIBERT

ChristianVIBERT

Administrateur
5 messages

Sur le fait de n'ajouter que le minimum d'huile à la pâte, vous avez parfaitement raison. L'huile est à la fois ce liant merveilleux qui a permis aux peintres, à partir de la Renaissance, d'oser se confronter à une représentation plus proche du réel, par sa faculté à se modeler, à jouer de la transparence et de l'opacité. Mais c'est aussi, en excès et si on ne l'emploie pas correctement, le poison de la peinture, cause de son jaunissement, de plissements, d'embus, de craquelures.

Le médium Maroger, comme les médiums gras flamands, sont précisément des produits dont la composition est parfaitement équilibrée entre l'huile cuite et la résine. Et vous avez tout à fait raison de faire remarquer que la présence de résine permet d'amaigrir la pâte. Par ailleurs, par son collant naturel, la résine renforce l'adhésion entre les couches picturales.

Si la surface picturale sèche semble trop brillante et risque de gêner l'adhérence de la couche suivante, il est toujours possible de passer, au préalable, un jus de médium bien dilué, éventuellement additionné d'un peu d'essence d'aspic. Cette essence étant assez agressive va légèrement ramollir la couche sèche, facilitant ainsi la reprise. A n'employer donc que sur une surface très sèche, au risque, sinon, de rediluer un dessous encore frais.

A savoir quand même que ce genre de difficulté est extrêmement rare avec les médiums Maroger et flamands à la résine mastic. Ceux-ci, même secs, présentent au contraire, souvent, et pendant plusieurs semaines, un très léger "tirant" sous le doigt qui favorise précisément la reprise d'adhérence. Avec les médiums au copal, ce problème est plus fréquent.

La composition des résines est effectivement différente d'un produit à un autre, mais ce qui importe le plus, pour le peintre, n'est pas de connaître sa formule chimique, du reste extrêmement complexe et légèrement variable d'une récolte sur une autre, comme pour tout produit naturel. Ce sont les caractéristiques qu'elles apportent à la pâte picturale.

En ce sens, la résine mastic, même si elle reste une résine tendre, est quasi la seule à permettre l'obtention de médiums thixotropes en mélange avec les huiles cuites. C'est pourquoi elle est irremplaçable, malgré son prix et le fait qu'elle fonce légèrement au vieillissement. Aucune résine synthétique n'a permis, jusqu'à présent, d'obtenir le même résultat.

Par ailleurs, la présence, dans la composition du médium, d'une huile cuite en présence d'oxydes métalliques permet, précisément, de compenser cette possible fragilité. C'est aussi pourquoi, dans le supplément aux modes d'emploi que je fais parvenir aux peintres qui commandent la version des médiums sous forme de flacons,  je propose un ensemble de recettes où il est clairement indiqué les proportions maximales de vernis mastic à inclure dans les mélanges huile/résine, sous peine de fragiliser la pâte.

Concernant, enfin, le fait que des changements aient pu intervenir sur un liant pictural en l'espace de 400 ou 500 ans, c'est plus qu'évident ! Et l'on peut entre autres douter que les fractions huileuse et résineuse soient restées séparées l'une de l'autre après un tel laps de temps... De là à conclure que le liant pictural ne serait quasiment que de l'huile, cela me semble plus que hasardeux...

Pour ce qui est de poster des images directement sur le forum, j'avoue ne pas savoir si cela est possible. Par contre, vous pouvez créer un lien par l'intermédiaire de l'icône concernée (la terre avec une chaîne).

Cordialement,

Christian VIBERT

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